Je ne suis pas maître de mon temps ;
L’horloge au mur ne fait plus tic-tac,
Je l’ai jetée depuis un moment :
Avec le reste du bric-à-brac.
Mais cela n’empêche pas les heures
De grignoter petit à petit
Mes matins, mes saisons et les fleurs
Se racornissent dans l’eau croupie.
Minutes, jours, années, c’est l’ennemi
Bien sûr il faut que l’on s’organise
Marcher dans le vent de l’entropie,
Qui tous les jours un peu plus nous brise.
On oublie. Soyons donc optimistes :
« Saisis l’instant », nous enjoignent-ils.
« Ah ! Oui? » Il faut donc que l’on persiste
A saisir l’existence qui file ?
Où va t-il donc ce temps entropique ?
Est-ce donc cette flèche fameuse
Menant tout droit à l’union christique,
Vous savez, lumière glorieuse,
Sublime pardon pour nos labeurs ?
I Tutti quanti, priez mes frères,
Chantez, dansez, à genoux mes sœurs
Et n’oubliez pas votre rosaire.
Ou bien le temps est-il circulaire ?
J’en suis ravie, je trouve joli :
De moi à moi je n’ai rien à faire
D’y galoper comme une souris.
Certains disent maîtriser leur temps.
Tous les jours ils vont à leurs affaires
Et ne perdent jamais un instant,
Répétant les leçons de leur pairs.
Mais d’autres ne peuvent vivre ainsi
Poètes, artistes esprits un peu fous
Amoureux, de la paresse amis
Qui sont des voyants ou des voyous.
— Babylon5