Dans la forêt des nuits trop lentes,
D’un souffle, une main effleurée,
Se perdent les voix suppliantes,
Les regards bleus qui ont pleuré.
Ce sont comme des pleurs d’enfants,
Tous seuls, petits, perdus au loin.
Moi seul parfois je les entends
Quand je repense à mes chagrins.
Ames seules, sur ces chemins,
Vous cherchez –vous avez mal-
On ne sait quoi, peut-être rien
Que le secours de l’aube pâle.
Dans vos cœurs une vieille blessure ;
La fièvre à votre sang trop doux.
Toujours la rouge meurtrissure
Palpite au fond de vos yeux fous.
Certains malheurs sont sans tapage.
Ils savent bien être discrets.
Certains malheurs sont bien trop sages
Et tout le jour ils restent muets.
Bêtement dire « la vie est belle »
Et là, sous la lune féroce
Aussi dans le soleil cruel
Entendre ce silence atroce
Dans le fracas de l’univers
Jeté là, on ne sait comment,
Comme un noyé perdu en mer
Une coque livrée au vent.
Quand trouverons-nous l’accostage
Sable chaud, enfants rieurs, plage,
Douce lumière des matins
Quand deux êtres n’en font plus qu’un
— Babylon5