Archive for avril 6th, 2010

Vent rebelle

Qui donc entend le vent rebelle
Entre les murs de sa prison ?
Le coeur est brave : une étincelle
Pour le feu de la déraison.

Le vent, le vent que nul n’attend
Va en sifflant sur les hauts murs
Tordant les arbres en passant
Faisant tomber les pommes mures.

En haut de ces grandes murailles
Se disputent les noirs corbeaux
Mais moi j’entends au soupirail
Dans la fosse de mon château,

Ce vent, ce vent puissant souffler
Vent furieux venu des étoiles
Le vent portant le Paraclet :
Et voici que tout se dévoile.

J’entends, j’entends la voix rebelle
Carillonner avec le vent.
C’est comme un lâcher d’hirondelles
Crevant le ciel soudainement.

C’est une voix que l’on n’entend
Pas dans nos châteaux, nos prisons
Sinon parfois, de temps en temps
Quand dans nos larmes nous plongeons.

Elle est là, notre voix rebelle,
Cette lueur privée de mots.
C’est moi, à moi-même cachée
Qui suis mourante en ce caveau

Fermons les yeux sérieusement
Sous le voile des paupières
On rejoint un ciel fulgurant :
Nuit, astres lointains, lumière.

Qui donc habite ce château ?
Le vent, le vent vous le dira
En sifflant sur ces murs très hauts
L’étincelle il éveillera.

Babylon5

— Babylon5

Commentaires fermés more...

Parodie

I.

Ma mie, c’est le Printemps : allons sur le gazon
De la courée. Nous cueillerons des pâquerettes,
En nous promenant tout près des murs de béton.
Viens donc t’asseoir sans craindre les petites bêtes.

Les chiens y font leur besoins et quelques voisins
Nous lorgnent bêtement penchés à la fenêtre ;
Peu importe ma mie, si ce sont des malsains :
C’est pur amour qui monte du fond de mon être.

Ma mie, entends-tu ronronner les mobylettes,
Le pigeon roucouler au balcon d’à-côté ?
Tes cheveux sentent la rose et la violette
Sous l’aimable ramure des marronniers.

Mois de Mai – sur les bancs de soleil éclaboussés,
Les dealers du quartier ferment l’œil d’un air tendre.
L’usine est loin, c’est une belle matinée :
Un temps si parfait que je voudrais me pendre

II.

Les temps sont durs : les chiens pissent sur le gazon
Les gens désœuvrés piétinent les pâquerettes
Les enfants fument dans les caves de béton,
Dans leurs jeux de mort ils sont pires que des bêtes.

Ils ont par la peur coupé la langue des voisins :
Les pauvres n’osent plus entrouvrir leurs fenêtres.
Il n’y a plus de morale et tout est malsain
Dans ces lieux perdus où l’on n’a pas le droit d’être.

C’est pour les rodéos qu’on a des mobylettes :
Il n’y a pas de travail, et les violettes
Ne valent pas un bon fix sous un marronnier.

On ne sait rien faire mais on sait bien se pendre
On est trop enragé, on ne peut être tendre,
Tennis bon marché ne vont pas au cordonnier.

Babylon5

— Babylon5

Commentaires fermés more...

Ils sont partis

Ils sont partis dans l’aube violette.
Ils sont partis sur des chemins, des routes
A l’heure où dorment encore les bêtes.
Ils sont partis sans bruit ni aucun doute.

Ils ont bien fermé la petite porte.
Dans le silence ont traversé les champs
De l’été, au milieu des herbes fortes
Faisant monter de la terre un pleine chant.

Ils ont marché longtemps sur les cailloux,
Droit devant eux. Ils n’ont pas dérangé
Le lièvre frileux ni le renard roux.
Le chevreuil n’a pas été apeuré.

Sont allés par les bois et les ravines,
Sans bagages mais portant leur cœur lourd.
Puis, quand les cloches ont sonné matines
A la volée, ont salué le jour.

Ont avancé plus loin dans le matin.
Loin des villages, des cours et des villes
Tout en buvant l’air doux comme du vin
En traversant l’eau des ruisseaux tranquilles.

Plus tard ont regardé vers la colline
Où le soleil jouait sur les hauteurs
Juste à l’heure où la lumière divine
Dépose sur le monde sa splendeur.

Ils ont pris le sentier, vers le sommet
Sans se retourner une seule fois
En haut, ils étaient un peu essoufflés
Et se sont assis à l’orée d’un bois.

Ils sont repartis –il était midi
Sont descendus vers le pays en bas
Quand ils sont arrivés il faisait nuit
Et je ne sais s’ils sont restés là-bas.

Babylon5

— Babylon5

Commentaires fermés more...

La vieillesse

I.

Voyez donc ce corps qui s’étiole
Sous les platanes de l’été
Fillette, adolescente folle
Courant dans les herbes de Mai.

Voyez ces lourds yeux embués,
Cerclés de noirs soucis, rougis,
Paupières bleuies, mal fardées.
Imaginez, neuve clarté

D’insouciance, au ciel empruntée
Sans fard ni rides, sans cosmétiques,
Où tout regard voulait plonger :
Ces yeux maintenant nostalgiques,

N’ont que la non couleur du gris
De l’ennui, des lentes douleurs
Des années, des amours trahis,
Sans même pour rançon la peur.

Et pourtant la vieille sourit
Quand un enfant passe devant-elle,
S’il s’arrête elle s’extasie :
Est-ce un ange devant elle ?

Passants, apprenez de la vieille :
Assise dans le jour méchant,
Sans espoir, elle s’émerveille
Pour un rien ; un chien, un enfant.

Moi j’ai regardé ce visage,
Son sourire édenté, soudain
Si jeune. J’ai vu en cette image
Un signe au-delà des chagrins.

II.

Et moi ma langue se délite
Mangée par un désespoir fou
Joie, amour, sang de la vie me quittent
Pour un amour que j’ai cru doux.

Désormais trahie, délaissée
Aimée sans amour de retour
Aimant sans espoir d’être aimée
N’espérant plus rien de mes jours.

Je ne suis plus qu’un lourd fardeau,
N’espérant que les échappées
De nuits inertes, sans plus de mots,
Dans l’inconscience me plonger.

Corps et âmes sont intoxiqués,
Pâles chimiques substituts
Jusqu’à ce que je sois clouée,
Nue, inconsciente et point émue

De tristesse, d’abandon, perdue,
Perdue dans cette mer trop cruelle
Où parfois une forme ténue,
Vous accroche et vous interpelle :

Récif aux rochers bien tranchants
Écume aux formes de sirènes
Qui vous rejette tout sanglant
Et gémissant sous tant de peine.

Je ne suis pas comme la vieille,
N’ayant jamais eu mon contant,
D’amour, de joies, de joues vermeilles
D’ ancêtres vers moi se penchant.

— Babylon5

Commentaires fermés more...

Jeanne rêve du grand Charles

Jeanne affronta l’Anglais tout un jour de juillet,
Qui à la fin du jour de partout s’enfuyait.
Or, s’étant endormie, elle vit, sans armure,
Un chevalier français à la haute stature

Qui d’une main sur elle, en douceur, s’appuyait,
Tout en lui demandant si point ne l’ennuyait.
Jeanne qui lui trouvait bien séduisante allure
Le pria de narrer sa dernière aventure.

Charles, précisa-t-il, est le nom que je porte.
Avant que les Anglais du malheur ne la sortent,
La patrie en mon temps bien des maux a souffert.

Jeanne, un peu incrédule, écoute le grand Charles
Et croit vrai ce qu’il dit. Puis d’autre chose ils parlent,
C’est de guerre et de paix, du ciel et de l’enfer.

— Cochonfucius


  • Calendrier

    avril 2010
    L Ma Me J V S D
         
     1234
    567891011
    12131415161718
    19202122232425
    2627282930  
  • Archives :

  • 2010
    iDream theme by Templates Next | Powered by WordPress

    © 2010-2025 iNVaSioNS PoeTiQueS All Rights Reserved -- Copyright notice by Blog Copyright

    Uses wordpress plugins developed by www.wpdevelop.com