Souvent dans ma tête se cognent
Des mots crachés, mots déchirés
Des mots sans suite, mots cassés.
Mots laids avec leur sale trogne.

Je regarde par la fenêtre,
Jour de fer blanc ;éclair de sang
Portes qui claquent dans le vent
Plus de raison, vide est mon être.

Alors sur moi je me retourne
Je laisse la rue à ces gens
Qui marchent gaiment dans le sang
De cette vue je me détourne.

Je vois parfois une planète
Avec en son cœur un seul arbre
Arbre tordu aux branches glabres
Arbre bombardé de comètes.

Arbre pourri, mais ses racines
Tiennent le cœur comme un réseau,
Veines, artères où coule une eau
Amère, saumâtre, où les ondines

N’ont jamais, jamais folâtré,
Pour les lys et l’amour, acides
Sont les eaux de ce coeur livide
Que je voudrais bien m’arracher.

Je n’entends que chocs violents,
Colère et rage à poings serrés
Plus d’amour, guichets fermés
Jours qui se trainent, soleil trop lent.

Arrachez l’arbre : il va mourir
Avec le cœur, sur les pavés,
Crachant son sang noir, piétiné,
Sans même lâcher un soupir.

Babylon5

— Babylon5