Archive for avril 12th, 2010

50

On n’est pas sérieux quand on a cinquante ans,
N’étant plus agité des passions de jeunesse,
Ne brûlant presque plus, aimant l’amour, pourtant,
N’ayant plus trop le goût de tenir des promesses.

On se dit que bientôt arrivera le temps
Des premiers petits chocs de déclin, de vieillesse,
On dit « ne craignons rien, ce n’est pas important »,
On s’enfonce un peu plus en ignoble paresse.

Et puis on est scotché par une voix de femme,
Et sans l’avoir prévu voilà qu’on vit un drame,
Et l’on se dit « pourquoi ne suis-je déjà mort ? »

Ne pouvant plus parler, contemplant le ciel vide,
L’homme de cinquante ans, dont le coeur est limpide,
Bestiau pour l’abattoir, se résigne à son sort.

— Cochonfucius

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120

On n’est pas sérieux quand on a cent vingt ans,
N’ayant plus aucun muscle et plus aucune graisse,
Le coeur presque immobile, à peine palpitant,
Et plus aucun cheveu et ni ventre ni fesses.

On ne sait plus du tout comment était le temps
Des premiers pas du corps, de la première messe,
On ne sait ce que c’est que d’être bien portant.
On se sait un vivant, oui, mais de quelle espèce ?

Ne reconnaissant plus ce vieux fils d’une femme,
Les médecins ont pris son encéphalogramme,
Et le signal a dit : « Ça ne va pas très fort. »

Ne pouvant plus manger, ayant un regard vide,
L’homme de cent vingt ans est hélas trop timide
Pour oser demander qu’on débranche son corps.

— Cochonfucius

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2000

On n’est pas sérieux quand on a deux mille ans,
Le fils du charpentier, dont la mère est princesse
Des royaumes humains, les a fêtés, pourtant.
Le pape en son honneur a fait dire une messe.

L’homme de deux mille ans, ce monde visitant,
Le trouve sans amour, sans joie et sans noblesse.
Ceux mêmes qui de lui se disent militants,
Quand il voit comme ils sont, ça l’use et ça le blesse.

Ne reconnaissant plus, dans ce primate infâme,
Adam par lui sauvé, le sauveur perd sa flamme.
Il se dit : « J’aurais dû laisser, coquin de sort,

Ces humains sans aveu à leur monde putride »
L’homme de deux mille ans s’en retourne, placide,
Vers son lointain royaume, et plus jamais n’en sort.

— Cochonfucius

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Rêvasseuse

Revasseuse je révasse
Tout au long des jours qui passent,
Le nez en l’air, en rêveuse,
De toute chose oublieuse.

J’ai les yeux toujours aux nues
Et je me perds dans les rues.
Ma maison est un bazard
Et ma tête un vrai foutoir.

Je ne fais jamais mes comptes.
Je suis pauvre et n’ai pas honte
De marcher mal habillée
Dans mes chaussures élimées.

Je préfère rêvasser,
La tête en l’air paresser.
Laisser les mots me venir
Dans un souffle ou un soupir.

Je ne vois pas les infos :
La télé, c’est chiant, c’est faux.
Le monde est en désarroi
Mais c’est pas ma faute à moi.

J’ouvre un livre, je le ferme.
Il m’embête avec ses termes
J’aime pas les philosophes
Ce sont de vraies catastrophes.

Je traine dans ma maison,
Mal peignée et en chaussons.
Qu’y a t-il à l’extérieur ?
Peu de chose de valeur…

J’allume une cigarette,
La fumée monte à ma tête,
Puis sirote un peu de vin,
Me foutant des loi Evin.

Je ne suis pas un modèle
Ce sera pas éternel.
Mais je m’en fous, voyez-vous
J’ai perdu confiance en tout,

Si ce n’est de rêvasser,
Avec les mots m’amuser.
Ils sont ma consolation,
Prière et absolution.

— Babylon5

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Le poème

Le poème c’est un don :
Bouquet sauvage cueilli
Dans la glaise de la vie.
Sans compter nous le donnons.

Le poème est un travail.
Il se fait avec les mots
Ereintés par tant de maux
Pour chanter, vaille-que-vaille.

Le poème c’est un bruit,
Une rumeur, une voix
Qui nous murmure tout bas
Nos désirs inaccomplis.

C’est notre sang si brulant.
C’est ne pas savoir mourir
Sans l’avoir dit, ni redire :
Je suis là, je suis vivant.

le poème, c’est prière,
Dans la prison, dans le chœur
En ce temple de malheur
A genoux dans la poussière.

le poème, c’est l’envol
De notre âme emprisonnée,
Aux jours fades enchaînée,
Pour notre cœur une obole.

le poème est une envie
Une antidote à la mort,
Mort trompeuse en ces décors
Qui sont illusion de vie.

Le poème c’est ivresse
C’est échappée infinie :
Ordre, désordre, Folie,
C’est l’humain qui se redresse.

— Babylon5

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Conversation décousue

Nos vies seraient un jeu de piste.
Le soir au long des boulevards
Nous attendraient les bouquinistes
Et les habitués du bar.

Merci, mais dis-moi si ton coeur
Est libre ou non, cela m’importe :
Car si tu étais un tricheur,
Je devrais refermer ma porte.

Dame tu es de mes pensées,
Je pourrais être ton mentor.
Je dis cette chose insensée,
De s’aimer on n’a jamais tort.

Tu dis cette chose subtile,
Alors, mon étrange amoureux,
Réponds à ma question facile :
Ton savoir te rend-il heureux ?

J’ai la jouissance du savoir,
Même un peu auto-érotique.
Je n’ai point regret de l’avoir,
Ma délectation sémantique.

Je m’en vais, j’ai peur de la neige
Qui rend trop glissants les chemins,
Et j’ai peur de notre manège
De caresses sans lendemain.

Je ne sais ce qui nous arrive.
C’est difficile, c’est trop fort,
Et ça s’en va à la dérive,
Et je tremble de tout mon corps.

Alors, reprenons nos distances,
Nous avons déliré assez.
Nous partagions cette souffrance.
Mieux vaut en parler au passé.

— Cochonfucius

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Village au loin

Village au loin, porte-toi bien,

Que tes femmes soient toujours belles ;

Et si dans ton église il vient

Un missionnaire sans cervelle,

Qu’il ferme un peu les yeux,

Qu’il fredonne,

Ce village est un lieu

Qui pardonne.

.

.

.

— Cochonfucius

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A quoi sert la poésie ?

La poésie ne sert à rien :
La prière ne sert à rien
Aimer ne sert à rien non plus
Vivre ne sert à rien de plus.

La poésie sert à exalter;
La poésie sert à jubiler
La poésie sert aussi à dire
Tout ce qui ne peut pas se dire.

La poésie sert à crier
La poésie sert à chanter
La poésie vibre en nos âmes
En déroulant pour nous son drame.

La poésie c’est tout, c’est rien
La poésie nous fait du bien
D’entendre ses mots de poètes
Nos frères amis et prophètes.

Le Poète est très démuni
Mais nous tend une main amie
On peut ignorer son message
Maintenant, en ce très sombre âge.

Si vous chassez la Poésie,
Elle reviendra dans vos vies.
La poésie sait se cacher
Là où on n’y a pas pensé.

La Poésie est éternelle :
C’est le cœur qui se rebelle,
C’est la passion, c’est la beauté
De notre pauvre humanité.

— Babylon5

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Ancien Mai

l y eu des temps magiques,
Les ai-je vus ou bien rêvés ?
Que les jours étaient magnifiques !
Mais maintenant c’est du passé.

C’étaient des jours, je me rappelle,
Le temps arrêté basculait
Vers des soirs fumants, irréels,
Aux fenêtres du mois de mai.

On voyait les murs se couvrir
De mots étranges mais plaisants
On entendait des cris, des rires
Jusque dans le matin bleuissant.

Ce fut, je crois, une invasion
Qui tint le pavé tout un mois
Ce fut, c’est sûr, une irruption
De poésie sous tous les toits.

La vieille ville s’ébrouant
Secouait ses écailles noires
Et déversait sur ses trottoirs
Des enragés aux yeux d’enfant.

C’était étonnant et bizarre :
D’aucuns se terraient de frayeur
Quand d’autres, ivres de bonheur
S’embrassaient sous le Pont des Arts.

Humeur de fête ou bien de guerre ;
Ce fut rupture pour un temps
L’espoir d’un peuple renaissant
Qui maintenant n’a qu’à se taire

C’était en mai, je me souviens.
La Parole tenait les rues
Les voix aujourd’hui se sont tues
Dans la fadeur du mois de juin.

— Babylon5

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la reine Pénélope

Ulysse a regagné le lit de Pénélope ;
Et, bien que son voyage ait épuisé son corps,
Il voudrait rejouer leurs intimes accords…
L’épouse caressante avec sa main le dope,

Lui procure un épieu qui pourrait d’un cyclope
Avoir raison. Mais quand il parvient aux abords
De l’endroit convoité, il se trouve moins fort.
La reine de nouveau entre ses doigts le chope,

Il revit, il retombe, elle le retravaille,
Elle reprend espoir et pourtant, rien qui vaille,
Son espoir a pris fin sous ses yeux stupéfaits.

Reine, rappelle-toi tes grands travaux de toile
Progressant au soleil, régressant aux étoiles :
Ainsi, ce que tu fais, toujours tu le défais.

— Cochonfucius

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L’arbre seul

Cher Sus scrofa l’usage courant
Malgré qu’il puisse être têtu
N’effraie pas l’arbre plus qu’un fétu
De paille que malmène le vent

L’écorce est dure, et c’est pourquoi
L’arbre vit seul cette aventure
Du deux, il a fait la rupture
De vieux démons le hantent parfois

Loin des siens désormais, ils pensent
Qu’il n’y a aucune excellence
Qu’un peu fou sont les ksatryas

Avec d’autres désormais il sait
Qu’il avait un peu peur, c’est vrai
Qu’il y a toujours cette différence

— radha

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La trinité introuvable

Victor voulait un dieu purement paternel
Dont il aurait été l’humble progéniture.
Il entendit alors la voix de la nature :
Point de paternité pour un être éternel .

Victor rêve à un Christ, un homme fraternel
Qui serait comme lui une humble créature.
Il entendit alors cette parole dure :
Le fils du charpentier n’était pas immortel .

Victor au Saint Esprit demande alors refuge:
Esprit, prends sous ton aile un malheureux transfuge…
L’esprit dit : Je ne suis pas le bureau des pleurs.

Victor donc se retrouve au fin fond des ténèbres.
Au-dehors il fait sombre et son coeur est funèbre.
Vainement du printemps le contemplent les fleurs.

— Cochonfucius

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