Archive for avril 14th, 2010

Les Amours tragiques d’un geek

Certain jour un fou d’informatique
Qui ne connaissait ni nuit ni jour
Fut soudain pris d’un violent amour
Pour une belle aux charmes phtysiques.

Il l’avait rencontrée sur le Net
Au hazard d’un « chat » sur les astuces
Pour se débarasser des virus,
Des troyens et des cookies pas nets.

La belle était malade, pour sur !
Cela se voyait rien qu’à ses mots.
Il les attendait comme un cadeau :
Ils illuminaient sa chambre obscure.

Elle était brune c’était certain.
Elle avait aussi de grands yeux noirs
Et, toussant tendrement tous les soirs,
Elle envoyait pour lui des quatrains.

L’informaticien épris de puces
Ne parlait qu’en zéros et en uns.
Parfois il s’adressait à son chien,
Qui des puces en avait beaucoup plus.

Comment faire quand on est un geek
Né avec un clavier sous la main ;
Un coeur de silice à peine humain
Enamouré d’une fleur phtysique ?

La vie du geek devint bien tragique :
Essayant d’écrire des mots doux
Le pauvre en vint à oublier tout,
Perdu dans des rêveries poétiques.

La belle écrivait de longs poèmes
Sur la vie, l’amour, l’éternité,
Les aventures d’un chevalier
Epris d’une princesse au teint blême.

Zéro-un, un-zéro, traduisait la machine…
Mais comment une passion virtuelle
Peut ainsi bousculer le réel
Pour une belle habitant la Chine,

L’Autriche, le Maroc ou Bangcock ?
Pendant qu’elle toussait, il pensa :
« Si j’envoyais cette photo-là ?
J’y suis pas mal, et fier comme un coq »

Alors vint le mathématicien
Son ami fou, mais d’inadéquations,
Logarithmes, chiffres et fonctions.
« Dis-donc », fit-il « Tu as l’air d’un chien

Tu devrais aller un peu à l’air.
Sont-ce tes puces qui te tracassent ?
Tu ferais mieux de descendre en face,
Dans ce bistrot de bonne atmosphère.

L’autre, pour l’heure, se laissa faire
Et bras sous bras les voilà partis
Pour le bistrot louche de Lily,
Où certains allaient à leur affaire.

A peine entré le geek se pâma,
Pris de vertiges et tremblements.
Il tomba sur le sol, inconscient,
Au pied de sa brune à l’œil las.

— Babylon5


Jeux oulipiens

Tu le trouves beau, Delaire ?
Il me touche plus vers
L’aine, mais il a le rein beau.
Cependant je suis mal armé.
Cela me fait mi-chaud…
En simple paysan
Je sais bien dire « Hue ! » « Go »!
Comme une vrai Grand Breton
A mes vaches Allais
Quand le pré Reverdy.
C’est ce que j’ai élu
Art : aller à la marre
Tine avec mes beaux viaux.
Parfois sur le bord Plath,
Surtout vers la Noël,
C’est un peu trop glissant.
Mais j’ai une super
Vielle, et de cet art
Taud je joue pour Peguy
Mon amie, sur mon char,
Mais un jour Valéry,
M’a jalousement dit :
« J’aurai ta peau,
Linaire. Quel butor !

— Babylon5


Un chant pour la Terre

Je veux chanter la Terre et tous ses éléments
A mes frères humains qui n’en n’ont point pitié :
Son sillage bleu dans l’espace effrayant
Autour de ce soleil qu’elle a toujours aimé.

Je vois rouler toujours ses puissants océans,
Ses oiseaux gris et blanc jouant avec la vague,
Goélands oublieux des humains infamants.
-Terre comme un joyau posé sur une bague.

La Terre qui déploie ses immenses prairies,
Jusqu’aux déserts brulants, jusqu’aux montagnes fières.
Terre avec tes forêts, tes espaces infinis,
Terre, ce miracle  d’azur  dans l’univers.

Solide Terre où marchent et dansent nos pieds
On entend résonner des tambours, des chansons
Chants de l’alouette, ou bien guitare attristée
Dans les soirs parfumés, dans les étés si longs.

Terre, avec tes pierres, Terre tu es ma mère
Terre avec tes eaux, douce et ronde comme un sein
Terre que l’on blesse, tu peux être en colère,
Contre tes enfants trop belliqueux et hautains.

Que l’hirondelle revive, que les glaciers
Reviennent sur tes pics, là-haut sur  tes sommets
Belle Terre, de toi je suis enamourée
Terre ma mère, je suis à toi à jamais.

— Babylon5

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Prophète d’athéisme

Je suis la voix qui crie à travers le désert,
J’appelle les nations à se tenir en garde.
Le fils du charpentier va devenir un barde
Et va vous submerger d’aphorismes divers.

Il ira promettant un monde sans hiver,
Royaume pour les purs, tout en bois sans échardes.
Si de ce beau royaume, hélas, la venue tarde,
Il bénira quiconque y croit dur comme fer.

Ne l’écoutez pas trop, car ce n’est qu’un poète,
En voulant faire l’ange, il fait souvent la bête.
Il ignore la science et le juste milieu.

Imitez-moi plutôt, j’écoute la nature
Qui chaque jour répète aux humbles créatures :
N’ayez point de prophète, il n’y a pas de Dieu.


— Cochonfucius

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Hyènes de Kipling et ma traduction

After the burial-parties leave
And the baffled kites have fled;
The wise hyaenas come out at eve
To take account of our dead.

Après le funèbre au-revoir,
Les vautours restent sur leur faim.
Les hyènes sages, sur le soir,
Viennent s’occuper du défunt.

How he died and why he died
Troubles them not a whit.
They snout the bushes and stones aside
And dig till they come to it.

Les faits de son heure dernière
N’ont pour elles aucune importance.
Leur museau pousse branches et pierres
Creusant toujours vers leur pitance.

They are only resolute they shall eat
That they and their mates may thrive,
And they know that the dead are safer meat
Than the weakest thing alive.

Ce qu’elles veulent, c’est manger,
Que du groupe la force augmente.
En cadavre est moins de danger
Qu’en la moindre chose vivante.

(For a goat may butt, and a worm may sting,
And a child will sometimes stand;
But a poor dead soldier of the King
Can never lift a hand.)

(Cornes des boucs, dards des cloportes,
Même un enfant se bat parfois;
Un soldat, quand sa chair est morte,
Ne lève pas le petit doigt).

They whoop and halloo and scatter the dirt
Until their tushes white
Take good hold in the army shirt,
And tug the corpse to light,

Glapissements dans la poussière.
Leurs blanches canines saisissent
Le mort par l’habit militaire,
Hors de la fosse elles le hissent.

And the pitiful face is shewn again
For an instant ere they close;
But it is not discovered to living men –
Only to God and to those

Reparaît le pauvre visage
Un instant avant l’hallali.
Mais ne le voit nul personnage,
Seul Dieu et les démons salis

Who, being soulless, are free from shame,
Whatever meat they may find.
Nor do they defile the dead man’s name –
That is reserved for his kind.

Qui de vergogne ou d’âme n’ont
Et mangent de toute charogne.
Hyènes ne tachent point le nom
Du mort : c’est humaine besogne.

— Cochonfucius

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Autre art poétique

Moi, j’aimerais ne plus jamais écrire en prose,
Ne plus rien raconter sur tout ce qui est gris,
Ne jamais mentionner ce qu’il y a de pourri:
Que sur rime et beauté tous mes textes reposent.

Que mon vers soit musique et soit un cri de joie,
Que mes quatrains dansants expriment mes désirs,
Et qu’ils soient traversés des aimables zéphyrs,
Beaux comme s’ils étaient anges vêtus de soie.

Que mon oeuvre élancée comme une cathédrale
Porte l’argent et l’or pour orner son sommet,
Et que son fier élan ne s’arrête jamais,
Rythmé par des pensées nobles et magistrales.

Ainsi près du comptoir déclamait un buveur
Dont les vers n’étaient point la moindre turpitude.
Chaque jour d’en écrire il avait l’habitude,
N’étant qu’un inutile et nébuleux rêveur.

Un compagnon lui dit « Mais, ton oeuvre est débile,
Tu ne sais pas chanter ni faire des chansons,
Tes récits prennent fin, tous, en queue de poisson,
C’est dur à écouter, ton discours malhabile. »

Du poète la voix quelque peu retomba:
« Je ne suis pas très fort, je m’en suis rendu compte,
Je fais ce que je peux et je n’en ai pas honte,
Car je ne vois pas quoi faire d’autre, ici-bas. »


— Cochonfucius

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Art poétique

Celui qui va lisant, écoutant un poème,
Quelquefois, il met tout son être en vibration,
De l’auteur il reprend les interrogations,
Le coeur du lecteur bat plus fort quand l’auteur aime.

Car l’auteur d’un écrit n’est pas juste lui-même,
C’est son clan, son village ou sa génération,
Ses ancêtres lointains, toute la création
Ayant mis dans son coeur et ses mots et ses thèmes.

Une culture écrit quand l’homme prend la plume.
Le paysan breton écrit avec sa brume,
Celui de la Provence avec le bel azur.

J’écris d’abord pour toi, si lointaine et si proche,
Ma muse, mon amour, ma joie et mon reproche;
Mais ce n’est pas secret, c’est écrit sur un mur.

— Cochonfucius

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Paraphrase du Coran (s. 24, v. 35)

Dieu, lumière du Ciel, lumière de la Terre!

Illuminant les Cieux comme un astre brillant,

Huile d’un olivier qui n’est pas d’Orient

Ni d’Occident non plus, huile tellement claire

Que sans recours au feu elle peut éclairer.

Clarté dans la clarté, brillance sur brillance.

Dieu choisit qui guider selon sa convenance,

Dans une parabole il peut nous déclarer

De chaque chose au monde un aspect véridique.

Homme, sois attentif et soumis à l’Unique.

— Cochonfucius

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Soirée passée

C’était une soirée de fête enchanteresse.
Le vin coulait avec des frissons de framboise
Dans des jardins français aux douces arabesques,
De flacons cristallins sous les buissons d’armoise.

Ca et là, la lueur d’un flambeau s’éveillait
Pour révéler un bras, une main, une joue
Ronde et rose, vite évanouie, mais si près
De ces allées cachées ou les amours se nouent.

Ombres d’or sombre, éclats soudains de rubis
Sous le chaud ciel d’été piqué de mille étoiles.
Galants conspirant à conquérir leur Amie
Près des bosquets carrés où la lune les voile.

C’est un rêve vieillot : des dentelles, des masques :
Mignonnes à mouche, leur éventail froissé.
Pour leur sourire un Arlequin faisait des frasques-
Amoureux bariolé des seins emprisonnés.

Et la musique ! Langueurs vibrant au dessus
Des oiseaux taiseux, se rappelant leurs voltiges
Ou dormant sur leurs nids baignés par cet afflux
-Ces arpèges légers consolant les litiges.

C’était une soirée, à ma mémoire éteinte :
Soirée jamais vécue, imaginée en rêve
De plaisirs surannés et discrètes étreintes
Dans un jardin français où la lune se lève.

— Babylon5


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