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Fable cinématographique

Maître Warner sur un câble branché
Tenait en son bec un sondage

Mâitre Fox, qui par là justement passait,
Etant de mauvails poil, lui faucha son prime-time,
puis dit :

"Eh ! Mec tes programmes ils sont nuls
Tes films sentent le moisi, tes sitcoms sont pourris
pires que des séries B"

"Comment quoi ?" , répondit Warner
"Nom d’un Paramount, sale renard
tu vas me le payer.

Je vais voir MGM, tu vas plus te marrer
Le Sugar Bowl, tu peux te le carrer,
car toutes les chaines on va couper"

"Ah ! Ah ! " s’exclama Maître Fox

Ton football de merde il est pour Maître Disney
Ton lion tout pelé, il fait même pas peur aux minettes,
C’est pas lui qui va me mettre RKO".

Sur ces paroles bien senties
Monsieur Renard avec Universal s’enfuit
En se disant "ma foi, j’ai gagné quelques poulettes,

Mais j’ai pas intérêt à refaire une boulette.


— Babylon5

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Les Mats

Inspiré par Cochonfucius :

Un fou de mathématiques
Alignait plein de zéros
D’une main très frénétique
Cavalant sur son bureau.

Le Mat arriva alors :
Le pauvre fut pris de tics
Au point qu’on le mit dehors,
Avec ses maths et ses tics.

Ce n’était pas très pratique
De compter dans le couloir
Tous ces zéros fantastiques
Surtout qu’il y faisait noir.

Fou furieux il en devint :
Tapant sur le Mat alors,
Il en vint dix-neuf, puis vingt,
Puis deux-cent-vingt Mats très forts.

Même en étant fort en Maths,
Il n’était pas matador
Débordé par tous ces Mats,
Le fou se donna la mort.

Babylon5

— Babylon5


Concours de prières

Ici, j’ai mis mes trois prières :

I.

Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Je ne puis vers toi m’élever
Même en humbles prières,
Vers toi mon Père,
Car je t’ai tué, pauvre Père.

II.

Pourquoi te caches-tu Dieu ?
Es-tu un peu malicieux ?
Attention, si je te trouve
Il faudra que tu te couvres
Le chef, Dieu, car sans cela
De ma part tu recevras
Des tomates ou bien des oeufs
Car ça va de compter un peu
En jouant à cache-cache
A dix ou douze ans, mais sache
Que lasse je suis depuis
Des ans et des ans que je prie.
Alors attention, et fais gaffe.
Ma parole, si je t’agrafe,
Je n’aurai point de pitié :
Tu iras au coin, collé,
Puni pour avoir triché.

III.

Mon Dieu, que vous avez un beau plumage,
Depuis des siècles les hommes vous louent
Par leurs beaux ramages.
Mon Dieu j’aime à chanter vos louanges
Sans fausses notes, je suis aux anges.
Jamais je ne me lasserai de vos poétiques images.
Mon Dieu, moins vous existez,
Plus de nous humbles humains vous vous éloignez,
Plus enchanteurs sont vos cantiques
Et vos visions prophétiques.
Je les écoute et les répète sans me lasser,
Car vous êtes si merveilleux mon Dieu
Vous me faites tant rêver
Vous êtes si doux à mes pensées
Surtout quand la nuit me fait pleurer,
Mon Dieu par nous autres créé,
Vous êtes bien notre plus sublime image
Et pour toujours je voudrais vous aimer
Même en sachant, mon Dieu
Que vous êtes la plus lointaine étoile
Qui mon coeur fait soupirer,
Car je sais que sans vous, mon Dieu
Par nous autres créée
Il n’est point de mystique
Ni d’élan poétique.
Sans vous, mon Dieu si bien imagé,
On ne chercherai pas à s’élever
Sur le bête sol nous resterions plantés
Comme des veaux au pré,
Qui n’ont pas beaucoup de pensées.
Merci mon Dieu, qui n’existe pas,
De me faire penser tous les jours à mon trépas
Dans des prairies par vous illuminées,
Mon Dieu, qui ne répond pas,
Ni de ses actes, ni de mes pêchés,
Laissez moi vous saluer.
(humblement)

Babylon5


— Babylon5


Et si… (la Fête)

Ce seraient des Bacchanales.
Les pavés y danseraient.
Les bobos à l’air banal
Loin des villes s’enfuiraient

De peur de voir ces voyous,
Ces basanés bien dressés
Oser s’en prendre à leur sous
En laissant-là leurs mosquées.

Le talent se répandrait
Comme poudre dans les têtes
Et les quidams se mettraient
A parler en vrais prophètes.

Le désordre se dit ordre :
Mes les yeux s’éclaireraient
Alors dans un grand désordre
Les gens se rassembleraient.

Et dans ces bacchanales,
Ce serait pour les esprits
Une ivresse peu banale :
Viens, liqueurs et poésie.

Il y aurait de grands rires,
De la violence aussi
Quand dans les rues en délire
On retrouverait sa vie.

Il y aurait des chansons
Qui jailliraient des poitrines,
Résonnant sur le béton
Et éclatant les vitrines.

Et aussi des chants de guerre
Traverseraient les quartiers,
Rebondiraient sur la Terre
Qui serait tout étonnée.

Babylon5

— Babylon5

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Mouvement social au Ciel

Clin d’œil au post "Mouvement social" de Cochonfucius :

C’est en l’an deux-mille-neuf-cent soixante huit
Que le Mouvement faillit mettre Dieu en fuite.
Tous les anges soudain firent des réunions,
Des sit-ins, discours et manifestations.

Cela commença avec le haut de l’échelle,
Les intellos, Ouriel, Gabriel, Raphaël
Azraël et Saint Michel en firent partie
Pour mettre le foutoir dans le Saint Paradis.

Une révolte des anges, comme c’est étrange
Direz-vous : mais ils voulaient que les choses changent,
En ayant assez des abus d’autorité,
Et d’ailleurs ils ne furent pas les premiers :

Souvenez-vous de Lucifer, par Dieu jeté
Dans les ténèbres parce qu’il avait discuté…
C’est bien facile de lui reprocher le mal
D’une création bâclée par le Dieu Royal.

Bref, en l’an deux-mille-neuf-cent soixante huit,
Les anges décidèrent de prendre la suite
En commençant par poser au divin patron
Quelques questions et autres revendications.

Ce fut surtout parmi les anges gardiens
Que la grogne monta, car pour eux les humains
Donnaient de beaux exemples et illustrations,
Aux péchés s’adonnant, sourds au malédictions.

Il y en avaient même, quel fait incroyable !
Qui croyaient à d’autres Dieux, c’est insoutenable
Pour un ange gardien, d’entendre ses brebis
Murmurer des mantras assis sur un tapis !

C’est assez, dirent-ils, jetons nos auréoles
Allons écouter aux cieux les fortes paroles
De nos contestataires : laissons les terriens
A leur liberté, sans nous ils vont vraiment bien.

On décida de ne plus porter les messages
De ne plus jeter en enfer les gens peu sages.
Et puis aussi d’arrêter toutes ces louanges
Pour ce Dieu vaniteux qui exploitait les anges.

Babylon5

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Le Dieu idéal

On voudrait bien un Bon Dieu poétique
Qui nous interpelle avec déraison
Il ne donnerait pas de coups de triques
Et ne demanderait pas d’oraisons.

Il parlerait à tous, avec son cœur,
ça éviterait les discussions
Il nous enverrait en hiver des fleurs
Et tous les jours nous lui parlerions.

C’est tout ce qu’on demande : est-ce encor trop ?
Un Dieu, pas des livres, un Dieu gentil
Pas un Dieu commandant à des bourreaux
Qui pour Sa cause se croient tout permis.

Mais Ses créatures sont si mauvaises
Qu’elles n’entendraient pas sa Poésie
Et voilà pourquoi, ne vous en déplaise
Depuis longtemps votre "Dieu" est parti.

Car s’Il a un soupçon d’intelligence,
Il voit bien que tout cela est fichu
Il ne supporte plus l’humaine engeance
Qui en son nom torture, brûle et tue.

Donc vous feriez mieux, à mon avis,
D’aller cueillir de menues pâquerettes
Ou de travailler, ou d’aller au lit
Réchauffer votre ami(e) sous la couette.

Peut-être, si vous lui lâchiez la grappe,
En pratiquant amour et poésie
Dieu reviendrait vous jouer de la harpe
Sans savoir si vous êtes circoncis.

Babylon5

— Babylon5


Coucher de Soleil

Voici que le soleil se noie dans l’ océan.
Les pieds baignés d’écume on va très lentement,
Les yeux sur l’horizon, son théâtre céleste
D’écharpes déchirées qui vont mourir à l’ouest.

Le ciel sur les eaux pâles a des couleurs d’ivresse.
On marche sous le vent, abreuvés de tristesse.
On est comme en prière -on en joindrait les mains
Pour se fondre au décor sans connaître demain.

C’est un enchantement qui maintenant nous guette
Dans l’air embaumé s’allument des feux, des fêtes
Par delà les dunes, par delà les grands pins,
Sentinelles du soir distillant leurs parfums.

On est soudain figés -nos fronts se touchent presque
On voit le soleil qui dessine ses fresques
Puis sombre doucement dans la gloire et les pleurs
Sous l’horizon salé, vaste comme nos coeurs.

On reste un temps aveuglés, maintenant on sait.
Tu me dis : "Vois l’éternité, c’est le moment
Où tout va se taire, se figer dans l’instant."
Tu me dis "vois", et pour toujours tu disparais.

— Babylon5

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L’espoir, l’amour, la mort de l’espoir

Au fond des bois l’espoir se meurt,
Meurt tout doucement, pas de sang
L’espoir, une fragile fleur
Qu’écrase une botte en passant.

Ce fut la tentative ultime,
D’un être toujours obstiné
Qui rêvait d’un amour sublime,
Ne voulant pas désespérer.

Au bois de ce cœur, c’est l’hiver
Désormais il l’avoue vaincu
Par ces rigueurs, ces lacs de verre
Ne réfléchissant que les nues

Grises et noires, l’indifférence
Pour une vieille fleur fanée
Pour ce corps en désespérance,
Pour ces désirs toujours reniés.

Au fond des bois, l’affreux silence,
Complice d’un crime, se tait,
Crime d’oubli, d’indifférence :
Celui en qui l’on espérait.

Au fond des bois, l’espoir violé
Se cache, mourant doucement,*
Aux yeux communs dissimulé,
Sans plus d’histoires, simplement.

C’était la dernière romance ;
Morte à présent, et les années
N’ont plus d’importance ; pas de chance
Sinon la poésie chanter.

Et puis aussi, n’aimant plus rien
Se moquer de tout, ou pleurer
Sur les roses d’hier matin
Non respirées dans la rosée.

Babylon5

— Babylon5

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Rose est la Rose…

Rose est la rose au parfum si ténu :
Si tu te penches te souviendras d’elle.
Bientôt à l’automne elle sera nue,
Fleur fanée au sol y sera plus belle.

Rose la rose sera toujours là,
Fleur des Fleurs dans ton rêve épanouie.
Les yeux fermés la nuit tu la verras,
La rose que jamais rien n’abolit.

Rose est la rose, elle est là dans ton coeur,
Rose la rose de tous tes émois,
Centre du monde, bonheur ou malheur,
Dressée dans ton jardin comme une croix.

Rose la rose jamais ne mourra
Pour toi, hanté par amour et beauté ;
Elle viendra au moment du trépas
De sa rosée enfin te baptiser

Babylon5

— Babylon5


Un Dimanche en hiver

Dans les grands bois du Dimanche, en hiver,
On peut voir les chasseurs allant par deux.
De leurs chiens, de leurs fusils ils sont fiers ;
Ils vont chassant les animaux peureux.

Sur la neige éclatante du Dimanche,
Des traces de sang bien rouge éclaboussent
Notre joie de marcher, dès qu’on se penche
Sur le chemin gelé où rien de pousse.

Dans les bois du Dimanche, même en hiver,
Pour le chevreuil, le lapin effaré,
Le pigeon et le lièvre, c’est la guerre
Sous les plombs de ces gros hommes bottés.

Mais quoi ! La campagne leur appartient
Ils chassent en groupe pour s’amuser.
"Eh! Toi, donc, promeneur, on est du coin !"
Emmène ton chien ailleurs gambader!"

Alors je pense à la neige bien rouge :
Dans le sous-bois, un animal caché ;
Jusqu’à midi il ne faut point qu’il bouge.
Il lèche ses plaies, de terreur enfiévré.

Ils sont bien longs les Dimanche en hiver
Dans ces grands bois repeints en noir et blanc
Où marchent en riant les hommes fiers
Qui bientôt vont retrouver leurs enfants.

Mais c’est midi, les cloches vont sonnant
Bientôt les chasseurs replient leurs fusils :
Il reste du sang rouge encore fumant
Et quelque part une bête gémit.

Babylon5

— Babylon5


Deux ingénieurs

Deux ingénieurs devisaient en marchant ;
Tout d’un coup l’un d’eux à genoux tomba,
Les yeux vagues, et s’écria d’un ton chantant,
ça y est mon ami, le futur est là !

Qu’est-ce à dire, quelle Idée soudain te prend,
Pour qu’ainsi devant moi tu t »humilies
Dans le sable et la boue, toi qui apprends
Tous les jours dans les livres que tu lis ?

Quelle honte vraiment, relève-toi,
Secoue cette poussière de tes manches,
Et sur tes deux jambes avance avec moi
Vois ces jupons, aujourd’hui c’est Dimanche.

Allons ensemble rafraichir tes fièvres
A la Taverne si tu le souhaites,
J’ai soif, regarde-moi ce rouge à lèvres
La bière est fraîche et les filles coquettes.

Alors le fou transi ne put que dire
Je sais : "La femme est l’avenir de l’homme"
Je lai vu, je l’ai vu, suis-je en délire ?
Mais non dit l’autre, tu te fourvoies, bonhomme :

L’avenir de l’homme, c’est la Voiture !

Babylon5

— Babylon5

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Deux Ingénieurs {suivi de} Jours de 2010

Échange entre Cochonfucius en bouts rimés,  suivant « Deux Ingénieurs » (qui est publié ailleurs sur « mes poèmes »).
J’ai laissé le petit poème qui fut suivi de notre long échange.

(continue reading…)

— Babylon5


Voyage

Sur les ailes du grand oiseau je vole
Quelques heures à l’horloge du matin.
Sur les ailes de l’oiseau, sans boussole,
Tout droit vers les cieux adamantins.

C’est l’absolu vertige qui m’emporte
Plus haut, loin de la terre bleu marine :
Mauvaises saisons aux plages d’eaux mortes,
Pays perclus de tumeurs citadines.

Voici : je ne suis plus du tout liée.
Paupières fermées, c’est comme un grand vent
Furieux, qui en esprit veut m’emporter,
Dans son tourbillon vivace et puissant.

Sur les ailes de l’oiseau, je m’affole
Un peu, partie plus loin vers un chaos
D’étoiles qui dansent une ronde folle,
Dans un gouffre sans mémoire et sans mots.

C’est ces moments, plus loin que la folie,
Que chaque jour j’explore en ces voyages.
C’est en ces lieux perdus que je m’enfuis,
Loin de moi-même, vers leurs ardents rivages.

Mais c’est joie et douleur sempiternelle :
Étoiles déjantées, cercles mouvants
De puits sans fond, astres lointains qui m’appellent
Comme le cri d’un dieu agonisant
Babylon5

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Promenade avec un Poète Maudit

Marchant dans la vallée des ombres de la mort
A mes côtés l’Esprit d’un poète maudit.
Pas de soleil ni lune, ruisseaux et chemins morts,
Fleuves de larmes sèches : là, tout a été dit.

Pâles lueurs de vie, sous l’horizon éteint
Par quelques éclairs noirs, passé, futur abolis.
Des ombres sans couleur se trainent au lointain
Dans des marais putrides, sous le ciel obscurci.

Dans la vallée des ombres de la mort un Dieu
Indifférent ricane en jouant aux dés
Sous une immense croix dévorée par le feu
De l’espoir inoui, des promesses brisées

Dieu sans aucun esprit, joue aux osselets,
Se nourrit de chairs mortes, des âcres fumées noires
Qui des terres brulées montent vers la vallée
Où tout rire s’étouffe dans le désespoir.

Dans la vallée des ombres je n’ai plus de peur
Le Poète l’a dit, c’est une mascarade
Les ombres sont magiques ; je n’entends plus de pleurs
Le Poète maudit je suis sous ces arcades.

Babylon5

— Babylon5


Le portrait

Sur le mur aux couleurs défraichies, un portrait
Que les rayons mourants du soir viennent frapper
Au travers d’un carreau poussiéreux et fêlé :
Un visage ébauché dans l’ombre en pâles traits.

Négligent, le locataire n’a laissé là
Que ce tableau, au dessus d’un vieux lit branlant,
Par quelque oubli sans doute, ou bien ressentiment,
Comme un souvenir mauvais dont on ne veut pas.

C’est une tête accablée, aux cheveux défaits.
Le regard est vague, sans aucune brillance ;
Les yeux jadis bleus fixent une lointaine absence.
Il ne voient pas ce monde, mais un au-delà parfait.

Le portrait dévoré d’infimes craquelures
Est souillé de longs sillons de larmes poisseuses
S’écoulant doucement sur les joues, paresseuses.
Plus loin, un ciel d’orage obscurcit la peinture.

Ce visage oublié, il vaut mieux qu’on le laisse
Suspendu à jamais dans cette maison vide
Quand l’araignée travaille à sa toile rapide,
Il s’endort doucement dans le soleil qui baisse.

C’est un tableau de mort et de désolation ;
L’image des regrets, de la déroute atroce,
Du désir éteint par le passé trop féroce
Qui veut du Grand Sommeil chercher consolation.

Babylon5

— Babylon5


Dire

Souvent dans ma tête se cognent
Des mots crachés, mots déchirés
Des mots sans suite, mots cassés.
Mots laids avec leur sale trogne.

Je regarde par la fenêtre,
Jour de fer blanc ;éclair de sang
Portes qui claquent dans le vent
Plus de raison, vide est mon être.

Alors sur moi je me retourne
Je laisse la rue à ces gens
Qui marchent gaiment dans le sang
De cette vue je me détourne.

Je vois parfois une planète
Avec en son cœur un seul arbre
Arbre tordu aux branches glabres
Arbre bombardé de comètes.

Arbre pourri, mais ses racines
Tiennent le cœur comme un réseau,
Veines, artères où coule une eau
Amère, saumâtre, où les ondines

N’ont jamais, jamais folâtré,
Pour les lys et l’amour, acides
Sont les eaux de ce coeur livide
Que je voudrais bien m’arracher.

Je n’entends que chocs violents,
Colère et rage à poings serrés
Plus d’amour, guichets fermés
Jours qui se trainent, soleil trop lent.

Arrachez l’arbre : il va mourir
Avec le cœur, sur les pavés,
Crachant son sang noir, piétiné,
Sans même lâcher un soupir.

Babylon5

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Vent rebelle

Qui donc entend le vent rebelle
Entre les murs de sa prison ?
Le coeur est brave : une étincelle
Pour le feu de la déraison.

Le vent, le vent que nul n’attend
Va en sifflant sur les hauts murs
Tordant les arbres en passant
Faisant tomber les pommes mures.

En haut de ces grandes murailles
Se disputent les noirs corbeaux
Mais moi j’entends au soupirail
Dans la fosse de mon château,

Ce vent, ce vent puissant souffler
Vent furieux venu des étoiles
Le vent portant le Paraclet :
Et voici que tout se dévoile.

J’entends, j’entends la voix rebelle
Carillonner avec le vent.
C’est comme un lâcher d’hirondelles
Crevant le ciel soudainement.

C’est une voix que l’on n’entend
Pas dans nos châteaux, nos prisons
Sinon parfois, de temps en temps
Quand dans nos larmes nous plongeons.

Elle est là, notre voix rebelle,
Cette lueur privée de mots.
C’est moi, à moi-même cachée
Qui suis mourante en ce caveau

Fermons les yeux sérieusement
Sous le voile des paupières
On rejoint un ciel fulgurant :
Nuit, astres lointains, lumière.

Qui donc habite ce château ?
Le vent, le vent vous le dira
En sifflant sur ces murs très hauts
L’étincelle il éveillera.

Babylon5

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Parodie

I.

Ma mie, c’est le Printemps : allons sur le gazon
De la courée. Nous cueillerons des pâquerettes,
En nous promenant tout près des murs de béton.
Viens donc t’asseoir sans craindre les petites bêtes.

Les chiens y font leur besoins et quelques voisins
Nous lorgnent bêtement penchés à la fenêtre ;
Peu importe ma mie, si ce sont des malsains :
C’est pur amour qui monte du fond de mon être.

Ma mie, entends-tu ronronner les mobylettes,
Le pigeon roucouler au balcon d’à-côté ?
Tes cheveux sentent la rose et la violette
Sous l’aimable ramure des marronniers.

Mois de Mai – sur les bancs de soleil éclaboussés,
Les dealers du quartier ferment l’œil d’un air tendre.
L’usine est loin, c’est une belle matinée :
Un temps si parfait que je voudrais me pendre

II.

Les temps sont durs : les chiens pissent sur le gazon
Les gens désœuvrés piétinent les pâquerettes
Les enfants fument dans les caves de béton,
Dans leurs jeux de mort ils sont pires que des bêtes.

Ils ont par la peur coupé la langue des voisins :
Les pauvres n’osent plus entrouvrir leurs fenêtres.
Il n’y a plus de morale et tout est malsain
Dans ces lieux perdus où l’on n’a pas le droit d’être.

C’est pour les rodéos qu’on a des mobylettes :
Il n’y a pas de travail, et les violettes
Ne valent pas un bon fix sous un marronnier.

On ne sait rien faire mais on sait bien se pendre
On est trop enragé, on ne peut être tendre,
Tennis bon marché ne vont pas au cordonnier.

Babylon5

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Ils sont partis

Ils sont partis dans l’aube violette.
Ils sont partis sur des chemins, des routes
A l’heure où dorment encore les bêtes.
Ils sont partis sans bruit ni aucun doute.

Ils ont bien fermé la petite porte.
Dans le silence ont traversé les champs
De l’été, au milieu des herbes fortes
Faisant monter de la terre un pleine chant.

Ils ont marché longtemps sur les cailloux,
Droit devant eux. Ils n’ont pas dérangé
Le lièvre frileux ni le renard roux.
Le chevreuil n’a pas été apeuré.

Sont allés par les bois et les ravines,
Sans bagages mais portant leur cœur lourd.
Puis, quand les cloches ont sonné matines
A la volée, ont salué le jour.

Ont avancé plus loin dans le matin.
Loin des villages, des cours et des villes
Tout en buvant l’air doux comme du vin
En traversant l’eau des ruisseaux tranquilles.

Plus tard ont regardé vers la colline
Où le soleil jouait sur les hauteurs
Juste à l’heure où la lumière divine
Dépose sur le monde sa splendeur.

Ils ont pris le sentier, vers le sommet
Sans se retourner une seule fois
En haut, ils étaient un peu essoufflés
Et se sont assis à l’orée d’un bois.

Ils sont repartis –il était midi
Sont descendus vers le pays en bas
Quand ils sont arrivés il faisait nuit
Et je ne sais s’ils sont restés là-bas.

Babylon5

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La vieillesse

I.

Voyez donc ce corps qui s’étiole
Sous les platanes de l’été
Fillette, adolescente folle
Courant dans les herbes de Mai.

Voyez ces lourds yeux embués,
Cerclés de noirs soucis, rougis,
Paupières bleuies, mal fardées.
Imaginez, neuve clarté

D’insouciance, au ciel empruntée
Sans fard ni rides, sans cosmétiques,
Où tout regard voulait plonger :
Ces yeux maintenant nostalgiques,

N’ont que la non couleur du gris
De l’ennui, des lentes douleurs
Des années, des amours trahis,
Sans même pour rançon la peur.

Et pourtant la vieille sourit
Quand un enfant passe devant-elle,
S’il s’arrête elle s’extasie :
Est-ce un ange devant elle ?

Passants, apprenez de la vieille :
Assise dans le jour méchant,
Sans espoir, elle s’émerveille
Pour un rien ; un chien, un enfant.

Moi j’ai regardé ce visage,
Son sourire édenté, soudain
Si jeune. J’ai vu en cette image
Un signe au-delà des chagrins.

II.

Et moi ma langue se délite
Mangée par un désespoir fou
Joie, amour, sang de la vie me quittent
Pour un amour que j’ai cru doux.

Désormais trahie, délaissée
Aimée sans amour de retour
Aimant sans espoir d’être aimée
N’espérant plus rien de mes jours.

Je ne suis plus qu’un lourd fardeau,
N’espérant que les échappées
De nuits inertes, sans plus de mots,
Dans l’inconscience me plonger.

Corps et âmes sont intoxiqués,
Pâles chimiques substituts
Jusqu’à ce que je sois clouée,
Nue, inconsciente et point émue

De tristesse, d’abandon, perdue,
Perdue dans cette mer trop cruelle
Où parfois une forme ténue,
Vous accroche et vous interpelle :

Récif aux rochers bien tranchants
Écume aux formes de sirènes
Qui vous rejette tout sanglant
Et gémissant sous tant de peine.

Je ne suis pas comme la vieille,
N’ayant jamais eu mon contant,
D’amour, de joies, de joues vermeilles
D’ ancêtres vers moi se penchant.

— Babylon5

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Les guerriers de l’amour

Un ancien poème…

Sans repos et sans trêve,
Les guerriers de l’amour
Vont au bout de leur rêve
Dans la rumeur des jours.

Leurs longs regards sont bleus
Leurs chevaux frémissants
Sous la fureur des cieux
Qui roulent sous le vent.

De chagrin ils sont ivres.
Ils n’ont point de drapeau,
Que la folie de vivre,
La violence des mots.

Ils sont un, cent, puis mille
Qui jettent leurs cœurs nus
Par les champs, par les villes,
Aux pieds blancs des statues.

Qui voit ces oriflammes,
Ces combats ? Ces lointains ?
L’éclat blanc de ces larmes
Qui pleuvent au matin ?

L’errant aux joues livides,
Les amants séparés,
Se traînant, les yeux vides…
L’espoir assassiné.

C’est le chant infini
Que nul ne pourra taire,
Si ténu dans la nuit,
Sauf pour leurs pauvres frères.

Les guerriers de l’amour,
Sans repos, jamais las,
Chantent du haut des tours
Et leur tendent les bras.

Babylon5

— Babylon5


L’eau du Monde

Un jour l’eau du monde en eu plus qu’assez ;
Assez de passer dans des tuyauteries
Assez, assez, d’être toujours trop salée
Ou saumâtre, ou vouée aux déchetteries

L’eau du monde alors se mit à pleurer
On pouvait la voir luire aux coins des yeux,
De jeunes affamés, d’enfants mal nés
De vieillards avinés, maigres, sans feux.

Mais l’eau du monde, vite en eu assez :
Pourquoi me perdre en larmes, c’est bien futile
Mon grand ennemi je m’en vais prier;
Nous sommes liés, ça remonte au NIL.

Et l’eau du monde grand miroir se fit,
Pour qu’y rougoient les rayons du Soleil.
Et jamais si beaux joyaux on ne vit
Fiançailles mortelles, avec le soleil.

L’eau du monde pour toujours s’est enfuie
Tous les hommes ont soif, sur la terre nue
Eux se prenaient pour des êtres bénis
Mais n’ont pas eu pitié des enfants nus.

Babylon5

— Babylon5

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Les égarés

Dans la forêt des nuits trop lentes,
D’un souffle, une main effleurée,
Se perdent les voix suppliantes,
Les regards bleus qui ont pleuré.

Ce sont comme des pleurs d’enfants,
Tous seuls, petits, perdus au loin.
Moi seul parfois je les entends
Quand je repense à mes chagrins.

Ames seules, sur ces chemins,
Vous cherchez –vous avez mal-
On ne sait quoi, peut-être rien
Que le secours de l’aube pâle.

Dans vos cœurs une vieille blessure ;
La fièvre à votre sang trop doux.
Toujours la rouge meurtrissure
Palpite au fond de vos yeux fous.

Certains malheurs sont sans tapage.
Ils savent bien être discrets.
Certains malheurs sont bien trop sages
Et tout le jour ils restent muets.

Bêtement dire « la vie est belle »
Et là, sous la lune féroce
Aussi dans le soleil cruel
Entendre ce silence atroce

Dans le fracas de l’univers
Jeté là, on ne sait comment,
Comme un noyé perdu en mer
Une coque livrée au vent.

Quand trouverons-nous l’accostage
Sable chaud, enfants rieurs, plage,
Douce lumière des matins
Quand deux êtres n’en font plus qu’un

Babylon5

— Babylon5

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Muse Saturnienne

Dans un triste décor à l’aspect Saturnien

Une Muse esseulée promène son chagrin

Autour d’un lac figé aux couleurs bleu ardoise

Tout près de la rive où de grands cygnes se croisent.

Lentement elle avance. Les longues herbes molles

S’agitent par instant quand un oiseau s’envole,

S’enroulant à ses chevilles fines, ses genoux

Blancs et ronds, pour y déposer un baiser doux.

Perdue sur ces rivages, la muse aux grands yeux bleus

Cherche éperdument quelque ami, quelque dieu,

Ou encore un humain qui voudrait l’écouter :

Pauvre Muse, dans sa robe de lin déchirée !

Pourtant jamais ne reviendra parmi les hommes :

Sa robe est démodée, elle n’est plus, en somme,

Qu’un pâle souvenir rangé dans le grenier

Belle gravure au rayon des antiquités.

Les poètes maintenant ne sont plus guidés

Par une belle Muse à la tête inclinée.

Les poètes bien souvent creusent à mains nues,

Dans le néant des mots, dans le pavé des rues.

Ils écrivent dans des trains, qu’importent les heures,

Ils écrivent souvent parce qu’ils ont trop peur,

Sur leurs ordinateurs, cachés dans leurs bureaux,

Dans des aérogares, sur des quais, des bateaux.

Les poètes n’ont point de cartes ni de plans

Ils écrivent sur du papier toujours trop blanc.

Mais l’un d’eux peut-être, levant les yeux au ciel

Entend chanter et pleurer la Muse éternelle.

Babylon5

— Babylon5


Encore le temps !

L’amour, la mort, le temps
L’amour, petite mort,
La mort, un bref instant
Pendant ce temps on dort,

Et c’est heureusement :
La conscience est cruelle
Nous ronge affreusement
De nous savoir mortels.

Rien ne sert de prier,
De faire des paris
Ou encor’ méditer
Pour tromper notre ennui.

Goutons donc, c’est d’accord,
Comme Ronsard l’a dit
Dans de jolis décors
Les roses de la vie.

Babylon5

— Babylon5

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