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Village au loin

Village au loin, porte-toi bien,

Que tes femmes soient toujours belles ;

Et si dans ton église il vient

Un missionnaire sans cervelle,

Qu’il ferme un peu les yeux,

Qu’il fredonne,

Ce village est un lieu

Qui pardonne.

.

.

.

— Cochonfucius

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la reine Pénélope

Ulysse a regagné le lit de Pénélope ;
Et, bien que son voyage ait épuisé son corps,
Il voudrait rejouer leurs intimes accords…
L’épouse caressante avec sa main le dope,

Lui procure un épieu qui pourrait d’un cyclope
Avoir raison. Mais quand il parvient aux abords
De l’endroit convoité, il se trouve moins fort.
La reine de nouveau entre ses doigts le chope,

Il revit, il retombe, elle le retravaille,
Elle reprend espoir et pourtant, rien qui vaille,
Son espoir a pris fin sous ses yeux stupéfaits.

Reine, rappelle-toi tes grands travaux de toile
Progressant au soleil, régressant aux étoiles :
Ainsi, ce que tu fais, toujours tu le défais.

— Cochonfucius

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La trinité introuvable

Victor voulait un dieu purement paternel
Dont il aurait été l’humble progéniture.
Il entendit alors la voix de la nature :
Point de paternité pour un être éternel .

Victor rêve à un Christ, un homme fraternel
Qui serait comme lui une humble créature.
Il entendit alors cette parole dure :
Le fils du charpentier n’était pas immortel .

Victor au Saint Esprit demande alors refuge:
Esprit, prends sous ton aile un malheureux transfuge…
L’esprit dit : Je ne suis pas le bureau des pleurs.

Victor donc se retrouve au fin fond des ténèbres.
Au-dehors il fait sombre et son coeur est funèbre.
Vainement du printemps le contemplent les fleurs.

— Cochonfucius

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Les soupirants

Le pape en son jardin veut accueillir la reine,
Mais devenir papesse, oncques ne le voudrait.
Plutôt avec l’ermite errer dans la forêt
Au milieu de la nuit puisque la lune est pleine.

L’ermite reste froid devant sa souveraine,
Pour ce qui vient du monde il n’a plus d’intérêt.
Une cruche de vin capiteux et bien frais
Suffit à maintenir sa bonne humeur sereine.

Le héros dit: Mais moi, cette reine, je l’aime
Et je l’ai déjà dit dans de nombreux poèmes
.
La reine a peu de goût pour les alexandrins.

Le héros rejeté s’enfuit dans les montagnes,
L’envie de solitude à cet instant le gagne;
La reine fait sa vie avec le fier Mandrin.

— Cochonfucius

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Le primate humain

Moi, le primate humain, le seigneur de ce monde,
J’ai droit à votre estime, à votre admiration
Et j’irai jusqu’à dire, à votre soumission.
A genoux, animaux de la terre et de l’onde.

Je vous ai tous conquis, les nobles, les immondes,
Je vous ai conféré à chacun sa mission :
Aux uns d’assouvir mes carnivores passions,
Aux autres d’accepter gentiment qu’on les tonde.

J’ai déboisé les sols pour d’utiles cultures,
J’ai bien amélioré la brouillonne nature.
Certains soirs il me vient comme un doute, pourtant.

Je respire un air qui me fait mal à la tête,
Le printemps ne met plus mon pauvre coeur en fête.
J’ai un peu tout détruit, ah, c’est bien embêtant.

— Cochonfucius


Le métier de chercheur


Chercher, c’est être explorateur
Du possible et de l’impossible,
Cela tout en étant la cible
De sérieux évaluateurs.

Chercher, c’est être traducteur,
Déchiffrer l’incompréhensible,
En faire une prose lisible,
Dialoguer avec ses lecteurs.

Citoyen, tu me subventionnes,
Je sais que parfois ça t’étonne,
Le désordre sur mon chantier.

Si tu prends ça pour du laxisme
Ou pour du bel amateurisme,
Détrompe-toi, c’est un métier.

— Cochonfucius


Dieu des poètes

Le fils du charpentier est le dieu des poètes.
Il a vécu sa vie comme un songe étonnant
Dans lequel il était Créateur et prophète,
Père, Fils et Esprit sur le monde tonnant.

Jean-Baptiste, qui fut un fier anachorète,
Vit en lui un Seigneur, et, un jour lui donnant
Un peu d’eau sur son front lors d’une grande fête,
Reçut la confession qu’il fit en fredonnant.

Cloué par les soldats sur le bois de justice,
Il dit de retenir la date du solstice
Pour marquer sa naissance et le règne du Bien.

Tous ses mots recueillis par ses mille disciples
Font un livre qui dit la gloire du dieu triple;
Ce livre est excellent, mais ce n’est pas le mien.

— Cochonfucius

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Petite collection de haïkus

Princesse arc-en-ciel
Après la pluie le beau temps
Je te vois sourire

Du ciel de grisaille
Mille oiseaux viennent criant
Espoir d’éclaircie

J’écris ces trois lignes
Pour montrer le vent d’avril
Vainement j’écris

Jardin printanier
Mille reflets dans la vitre
Mille fleurs inverses

La glace du lac
Ne croit pas être un miroir
Pas de ciel inverse

La parole inverse
Parfois l’ordre des pensées
Miroir syntaxique

Averse pascale
Les passants dionysiens trempent
Leurs pieds dans les flaques

Christ ressuscité
Entre dans une taverne
Finir son calice

Premiers escargots
Escaladant une vitre
Ils pensent qu’ils volent

Putain de poème,
Un haïku berthelinesque
Qui se mord la queue

Isaac Newton
Dit voyant un arc-en-ciel
Complexe lumière

— Cochonfucius

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Chanson du tarot

Le lion, un beau printemps, s’éprit de la licorne.
La papesse a béni ces très nobles amours.
Le soleil et la lune ont prié à leur tour
Pour que de ces amants le bonheur soit sans bornes.

L’ours et la courtisane ont offert une cruche
Pleine de bon vin rouge au prix de cent deniers
Que généreusement avança l’usurier;
Le Mat et le Dragon, du miel pris dans leurs ruches.

L’empereur fit cadeau d’une partie du monde,
L’ermite d’une chambre en la forêt profonde,
Moi, poète, d’un chant que dit la voix du loup.

La licorne et le lion à la sortie du temple
Ont repris ce doux chant et leurs voix furent amples:
Cependant ma chanson ne valait pas un clou.

— Cochonfucius

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Il fit sa croix

Il fit sa propre croix, le fils du charpentier,
Lui qui était fait pour citer les Ecritures,
Parcourir les chemins, guérir les créatures…
Mais de son propre corps il n’a pas eu pitié.

Il en eut pour longtemps sur ce sacré chantier;
Le bois des oliviers est une essence dure.
Il ne savait à qui adresser la facture,
Au Père et à l’Esprit peut-être, par moitiés.

Construisant le moyen d’entrer dans le néant,
Et aussi d’édifier même les mécréants
Par sa résignation et sa douceur parfaites,

Pour faire de l’esclave un homme moins craintif,
Pour réparer le tort du vieil Adam fautif,
Il accepta la mort qu’annonçaient les prophètes.

— Cochonfucius

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Le mouvement social

Dieu sonnait pour avoir son café matinal.
Mais Gabriel survint, mains vides, triste mine.
« Seigneur, pardonnez-moi, je viens de la cuisine,
Pas de café, suite à un mouvement social. »

Dieu dit à Gabriel : « Espèce d’animal,
Les mouvements sociaux, moi, je les élimine,
Ne suis-je le seigneur qui crée, qui extermine ?
Soit j’aurai mon café, soit c’est le tribunal. »

Gabriel y retourne et n’obtient nul café.
De la cuisine il fait un grand autodafé,
Des anges marmitons un seul petit subsiste.

Dieu, l’ayant convoqué, lui demande pourquoi
Vainement s’opposer à lui et à sa loi.
« Comme suicide ici, c’est tout ce qui existe. »

— Cochonfucius


L’absence de croix

Il fallait mettre en croix le fils du charpentier
Pour que fût accompli le mot des écritures.
Pilate a donc jugé la pauvre créature,
Non sans lui prodiguer une vaine pitié.

Cependant de la croix l’inachevé chantier
Trop inutilement offensait la nature,
Car, même s’il avait encaissé sa facture,
L’artisan avait fait son dû moins qu’à moitié.

Seul était là un trou, profond, sombre, béant,
Bien fait pour recevoir un pylône géant,
Mais vide, défiant les foules stupéfaites.

Pilate interrogea les esclaves craintifs :
« De l’inachèvement, qui donc est le fautif ? »
« Maître, on attend les plans fournis par les prophètes »

— Cochonfucius


Borges avec Mezey et Barnes, et ma traduction

Somos el tiempo. Somos la famosa
parábola de Heráclito el Oscuro.

We are time. We are the much renowned
saying of Heraclitus the Obscure.

Le temps c’est nous, et nous sommes la fable
Que nous disait Héraclite l’Obscur.

Somos el agua, no el diamante duro,
la que se pierde, no la que reposa.

We are water, not diamonds that endure;
what ebbs and passes, not what holds its ground.

Nous sommes d’eau, et non de diamant dur,
D’eau qui se perd et n’a de lieu durable.

Somos el río y somos aquel griego
que se mira en el río. Su reflejo

We are the Greek who sees himself in the stream;
we are the stream. His brief reflection shimmers

C’est nous le fleuve et c’est nous l’homme grec
Se regardant dans l’eau, et son image

cambia en el agua del cambiante espejo,
en el cristal que cambia como el fuego.

in water which is made of shimmering mirrors,
in the dark glass that shimmers like a flame.

Qui toujours danse au miroir si volage,
Virevoltant comme un feu de bois sec.

Somos el vano río prefijado,
rumbo a su mar. La sombra lo ha cercado.

We are the stream, predestinate and vain,
heading down to the sea pursued by shadows.

C’est nous, vain fleuve, astreint à son parcours
Vers l’océan, et c’est l’ombre alentour.

Todo nos dijo adiós, todo se aleja.

La memoria no acuña su moneda.

Everything said goodbye, everything goes.

Memory no longer mints its coin.

Tout dit adieu, tout va vers d’autres rives.

Et plus ne bat monnaie notre mémoire.

Y sin embargo hay algo que se queda
y sin embargo hay algo que se queja.

And nevertheless there is something that remains,
and nevertheless there is something that complains.

Reste pourtant une chose, il faut croire,
Reste pourtant une chose plaintive.


— Cochonfucius

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Anonyme italien et ma traduction

Par che l’angel, la stella, il sol, la luna
Col mondo, et chi con lui di viver brama,
Odiano la beltà, che il cielo aduna
Nel viso altier de la signora Mama.

Puisque l’ange et l’étoile et que soleil et lune
Et le monde et ceux qui là veulent exister
Détestent le présent du ciel, que la beauté
Noble de notre Dame autant les importune,

Forsi per esser tra le Dee queste una
Che lor spogli del ben, che ‘l valor ama,
O pur, per che ne morte, o ria fortuna
Dal fermo suo voler maj la richiama :

Soit qu’en étant déesse (autant qu’il en fut une)
Elle leur prend leur bien et leur chère fierté,
Ou que ni par la mort ni l’incommodité
A son ferme vouloir il n’est mis de lacune :

Però dee creder fermamente ognuno
Ch’un spirtito malvagio habbia costej
Supposta solamente al Bagattino

Apparemment chacun ici s’en va croyant
Que dedans cette dame est esprit malveillant
Par le mauvais jongleur surpassé seulement ;

Per poter dire i buoni tarocchi mej
Saran, s’avien ch’io giuochi, et questi uno
Vo trare il Matto ch’è cervel divino.

Pour me pouvoir tirer dès lors un bon tarot,
En choisissant je veux me tenir à carreau :
Je tirerai le Mat, divin entendement.

— Cochonfucius

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La liberté

Je ne leur ferai plus la guerre.
Qu’ils crèvent de leur ambition,
Marchands de soupe et de galère
Et marchands de révolution.

Mieux vaut la sagesse précaire
D’un ermite en méditation,
Mieux vaut dormir, mieux vaut se taire
Qu’entrer dans leurs machinations.

Si je meurs dans les ans qui viennent,
Que de ma vie je me souvienne
Sans tristesse ni sans fierté.

Je n’ai acquis nulle richesse
Ni accompli nulle prouesse,
Mais j’ai gardé ma liberté.

— Cochonfucius

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Cunégonde

Je me souviens de Cunégonde,
Qui avait délaissé ce monde
Dans lequel la luxure abonde,
Et fut dans une chambre ronde

Pour, recueillant les bonnes ondes,
Avoir une pensée féconde
Ainsi qu’une vertu profonde,
Et au mal ne lâcher la bonde…

Mais le désir en elle gronde.
Ce qui jadis lui fut immonde
Emplit son esprit et l’inonde.

Dommage qu’ainsi se morfonde
La fille autrefois vagabonde,
Beauté à nulle autre seconde.

— Cochonfucius

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Emily Brontë avec ma tentative de traduction

There should be no despair for you
While nightly stars are burning,
While evening sheds its silent dew
Or sunshine gilds the morning.

Qu’il n’y ait pour toi nul désespoir
Quand la nocturne étoile veille,
Quand sans bruit vient l’humide soir
Ou que le matin s’ensoleille.

There should be no despair, though tears
May flow down like a river;
Are not the best beloved years
Around your heart forever?

Nul désespoir, car si tes larmes
Nous semblent les flots d’un torrent,
N’as-tu point des ans pleins de charme
Qui ton coeur vont environnant?

They weep, you weep, it must be so,
Winds sigh as you are sighing,
And winter pours its grief in snow
Where autumn leaves are lying.

Tous pleurant, tu pleures, c’est sûr,
Les pleurs du vent tes pleurs escortent,
L’hiver pleure sa neige sur
Le sol jonché de feuilles mortes.

Yet they revive, and from their fate
Your fate cannot be parted.
Then journey on, if not elate,
Still, never brokenhearted.

Des feuilles reviendront, princesse,
Et ton destin ressemble au leur.
Suis ton chemin, non d’allégresse,
Mais de la fermeté du coeur.


— Cochonfucius

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Vanité de l’acte d’écrire

Tout ce qui devient texte est parole qui meurt.
Le premier qui apprit à geler un message
Fut comme ceux qui tuent les oiseaux de passage,
Il avait un penchant mortel dans son humeur.

Peut-on écrire un rire, orthographier un pleur,
Transcrire le jargon d’un idiot de village ?
La langue en résistant nos plumes décourage
Comme notre pinceau se décourage aux fleurs.

Un mot qui dans le coeur mit trois jours à mûrir,
Fixe-le au papier, tu le feras mourir,
Comme du papillon l’aile devient poussière.

Des sages d’autrefois retiens le sobre avis :
Ecrire c’est vouloir arrêter les rivières ;
La langue est hors la loi, comme tout ce qui vit.

— Cochonfucius


Jeanne rêve du grand Charles

Jeanne affronta l’Anglais tout un jour de juillet,
Qui à la fin du jour de partout s’enfuyait.
Or, s’étant endormie, elle vit, sans armure,
Un chevalier français à la haute stature

Qui d’une main sur elle, en douceur, s’appuyait,
Tout en lui demandant si point ne l’ennuyait.
Jeanne qui lui trouvait bien séduisante allure
Le pria de narrer sa dernière aventure.

Charles, précisa-t-il, est le nom que je porte.
Avant que les Anglais du malheur ne la sortent,
La patrie en mon temps bien des maux a souffert.

Jeanne, un peu incrédule, écoute le grand Charles
Et croit vrai ce qu’il dit. Puis d’autre chose ils parlent,
C’est de guerre et de paix, du ciel et de l’enfer.

— Cochonfucius


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