1. Mes poèmes

Pour Lucifer

Lucifer, qui es sous terre, reviens vers nous.
Lucifer, archange de lumière, que Dieu
Sans vergogne a jeté du plus haut des cieux,
De ce cruel Seigneur, nous rejetons le joug.

Lucifer tu étais étoile plus brillante
Que tous les astres tournoyant dans les cieux.
Lucifer, ta lumière était si aveuglante
Que de ta clarté ce méchant Dieu fut envieux.

Vois, beau Lucifer, ce que Dieu a fait de nous :
Les humains sont soumis depuis des millénaires
A ce mauvais seigneur, se mettant à genoux,
Pour connaitre le malheur, la peste et la guerre.

Lucifer, si tu te relevais de la terre,
De ce joug malsain tu pourrais nous délivrer
Le mal n’a jamais résidé dans ta lumière
Qui n’a jamais voulu pour nous l’obscurité.

De tout cœur nous t’appelons, Prince de Lumière.
Reviens, nous t’en prions, nous donner la clarté.
C’est vers toi que doivent aller nos prières,
Et amène avec toi ton frère Prométhée.

— Babylon5

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Le champ

Champ de lavande, champ de blé.
Chant d’alouette, chant de grive
Champ de bataille, champ brulé
Chant qui s’élance en mon sang ivre.

Champ de soleil éclaboussé,
Vaste champ pour le labeur
Monte en moi un chant insensé
Sous le soleil des laboureurs.

Champs qui ondule sous le vent
Chant de paroles bousculées
Champ lexical, champ affolant,
D’un dictionnaire embataillé.

Champ abattu qui se relève
Chant murmurant entre les pierres
Champ des plantes où monte la sève
Chant du blé qui force la terre

Champ, grand champ silencieux
Avant le combat qui s’apprête
Pour des soldats partant aux cieux
Dans les clameurs et la tempête.

Champ d’honneur piqué de croix
Chant funèbre, champ de héros
Champ où l’on entend que les voix
Coassantes des noirs corbeaux.

Champ de bleuets, coquelicots,
Chant s’élevant comme une mer
Vers la colline et ses coteaux
Chant éternel de notre terre.

— Babylon5

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Cantique tantrique

Je suis béni, Shiva m’a inspiré.
Mon corps est purifié : il se transforme.
Je suis sauvé, mes chacras sais compter.
Croyez-moi, ce fut un effort énorme.

J’ai compris l’art de la méditation :
Les pieds croisés, je vois le Caducée.
C’est à travers la purification
Que j’ai enfin trouvé la Vérité.

J’accueille le Serpent sans tremblements :
Shakti sexuelle, épouse vertébrale,
Eloignant de mon ventre frémissant
Ses vibrations à couleur minérale.

Je suis béni, je suis tout sanctifié
Mon Coeur s’ouvre à l’Amour transcendant.
De toute vie finie j’ai grand pitié
Dans ma chambrette parfumée d’encens.

Hermès, au pied léger, m’a visité
Avec tous ses copains venus d’Orient.
Ils m’ont tous répété que j’étais doué
Pour être initié à l’Art excellent.

Je mêle tout Hermès Trismégiste
Shiva, Shatki, dans mon divin chaudron.
Vous aurez compris je suis un artiste,
Je m’élève par mes méditations.

Voilà, je suis parti, trip hermétique.
Laissant ici-bas mon corps matériel.
Je dis « Amour », sans comprendre que couic,
Mais on m’a dit que c’est universel.

— Babylon5


Chanson

J’ai de la mélancolie
Bien trop vaste connaissance
Et ne trouve dans l’oubli
Un remède à ma patience.

Elle est venue un jour gris
Sur mon seuil tenter sa chance.
Elle est venue sous la pluie
Me chanter une romance.

J’ai laissé entrer l’ennui,
La tristesse et la malchance
Avec la fleur du souci,
Il y a longtemps je pense.

Mon cœur est gelé depuis,
Mon âme en désespérance.
Dans les brumes de la nuit
Je ne vois qu’indifférence.

Mais je sais que tout finit :
Sur la fin j’ai de l’avance
Car j’ai de la mélancolie
Bien trop grande connaissance.

— Babylon5

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Eloge de la tristesse

Le malheur n’est pas de mise :
On l’a mis à la remise.
La tristesse est un péché,
On ne peut la confesser.

Voyez la course au Bonheur,
Voyez ces tristes coureurs
Qui courent les yeux bandés
Sur la douleur d’exister.

Moi je danse sur un fil,
Danse triste mais subtile
Entre bonheur et malheur
Qui sont notre lot pour l’heure.

On ne voit que d’un côté :
Avec religiosité
On veut bouter à tout prix
L’imperfection de la vie.

On invente des histoires
Pour chasser le désespoir.
On croit développer l’être
Et rejeter le mal d’être.

Croyez moi, c’est de l’orgueil.
Il vaut mieux faire son deuil.
Accepter notre part sombre :
Nous ne sommes que des ombres.

Avoir une gaie tristesse,
La mélancolique ivresse
D’accepter que nous ne sommes
Que des femmes et des hommes.

En ce siècle pourtant noir,
La joie est obligatoire.
C’est le règne du bien-être
Et pour lui on doit paraître.

Moi j’accueille la tristesse,
La mort de tout qui me blesse.
N’étant pas illuminée
Par aucune déité.

— Babylon5

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Complainte de poète

Le Poète inspiré aspire
Parfois au repos. Comment dire ?
Un vertige venu d’en haut :
Le Poète est à court de mots.

Un nuage gris est sur lui.
Comment marcher dans cette nuit ?
Comment nourrir la flamme obscure,
Cette lueur qui le torture.

Comme il voudrait être une bête !
Ne plus entendre dans sa tête
Ni ces appels, ni ces clameurs
Ni ces poussées vers le bonheur.

Le poète n’est pas un prêtre.
Ni temple ni autel : que l’être
Criant vers un ciel infini.
Poète inspiré et maudit.

Mais le Poète est un emblème,
Comme une croix, souffrance extrême,
Dressée là entre jour et nuit :
Le Poète n’a pas choisi.

Inspiré, il n’est pas prophète.
Il n’est qu’un malheureux poète
Et rien ne sait tenir pour vrai
Sinon le vide qui l’effraie.

Inspiré, il ne l’est pas toujours :
Accablés d’ennui sont ces jours
Où il ne sait trouver les mots
Pour dire l’indicible beau.

Il ne repose pas pourtant :
Il travaille même en dormant,
Obsédé qu’il est de coucher
L’ineffable sur le papier.

On croit souvent qu’il s’émerveille
D’une fleur, du ciel, du soleil.
C’est en lui qu’il voudrait voir clair
Car à lui-même il est mystère.

Poète, tu ne sais retrouver
Ce Jardin dont Dieu t’a chassé.
Poète inspiré, tu es fou
Tes mots toujours de toi se jouent.

— Babylon5


Le clown

Ding ! Ding ! Dong ! Les dix heures sonnent.
Un triste clown au bout d’un quai
Débite des poèmes niais
Dans l’hiver où rien ne résonne.

Ding ! Ding ! Il les dit pour sa mie.
Ses yeux sont cernés par le deuil :
Elle est partie dans un linceul
Par un neigeux après-midi.

Ding ! Ding ! Dong ! A la cathédrale
On dit des messes pour son âme.
Lui ne verra plus sa femme.
C’était son Temple, son Saint Graal.

Ding ! Ding ! Dong ! Du haut de la tour
Les cloches se font solennelles
Dix heures il est, mais plus pour Elle
Le clown est fou sans son amour.

Ding ! Ding ! Ils ne reviendront plus
Ces jours vivants dans sa mémoire :
Les longs matins, langoureux soirs
De doux baisers sur leurs cous nus.

Ding ! Ding ! Dong ! C’est l’heure finale.
Ce n’est qu’un clown à l’air idiot
Au bout d’un quai léché par l’eau,
Eau de grand fleuve ou de canal.

Ding ! Ding ! Voici qu’un train arrive
Un train d’enfer qui entre à quai :
Wagons d’acier, strident sifflet
Train qui court vers une autre rive.

Train d’enfer : si tu l’emmenais
Sous la neige, sous le goudron,
Loin sous la Terre, tout au fond,
Dans l’oubli perdu à jamais.

Ding ! Ding ! Les cloches carillonnent.
Le bronze et l’airain répercutent
L’horreur bleue d’un esprit qui chute
Loin dans la Terre vermillonne.

Fin pour le clown fou, le clown niais.
Le clown est tombé. Son étoile
Brille au loin dans un ciel sans voiles
Partie, partie, très loin du quai.

— Babylon5


Les Amours tragiques d’un geek

Certain jour un fou d’informatique
Qui ne connaissait ni nuit ni jour
Fut soudain pris d’un violent amour
Pour une belle aux charmes phtysiques.

Il l’avait rencontrée sur le Net
Au hazard d’un « chat » sur les astuces
Pour se débarasser des virus,
Des troyens et des cookies pas nets.

La belle était malade, pour sur !
Cela se voyait rien qu’à ses mots.
Il les attendait comme un cadeau :
Ils illuminaient sa chambre obscure.

Elle était brune c’était certain.
Elle avait aussi de grands yeux noirs
Et, toussant tendrement tous les soirs,
Elle envoyait pour lui des quatrains.

L’informaticien épris de puces
Ne parlait qu’en zéros et en uns.
Parfois il s’adressait à son chien,
Qui des puces en avait beaucoup plus.

Comment faire quand on est un geek
Né avec un clavier sous la main ;
Un coeur de silice à peine humain
Enamouré d’une fleur phtysique ?

La vie du geek devint bien tragique :
Essayant d’écrire des mots doux
Le pauvre en vint à oublier tout,
Perdu dans des rêveries poétiques.

La belle écrivait de longs poèmes
Sur la vie, l’amour, l’éternité,
Les aventures d’un chevalier
Epris d’une princesse au teint blême.

Zéro-un, un-zéro, traduisait la machine…
Mais comment une passion virtuelle
Peut ainsi bousculer le réel
Pour une belle habitant la Chine,

L’Autriche, le Maroc ou Bangcock ?
Pendant qu’elle toussait, il pensa :
« Si j’envoyais cette photo-là ?
J’y suis pas mal, et fier comme un coq »

Alors vint le mathématicien
Son ami fou, mais d’inadéquations,
Logarithmes, chiffres et fonctions.
« Dis-donc », fit-il « Tu as l’air d’un chien

Tu devrais aller un peu à l’air.
Sont-ce tes puces qui te tracassent ?
Tu ferais mieux de descendre en face,
Dans ce bistrot de bonne atmosphère.

L’autre, pour l’heure, se laissa faire
Et bras sous bras les voilà partis
Pour le bistrot louche de Lily,
Où certains allaient à leur affaire.

A peine entré le geek se pâma,
Pris de vertiges et tremblements.
Il tomba sur le sol, inconscient,
Au pied de sa brune à l’œil las.

— Babylon5


Jeux oulipiens

Tu le trouves beau, Delaire ?
Il me touche plus vers
L’aine, mais il a le rein beau.
Cependant je suis mal armé.
Cela me fait mi-chaud…
En simple paysan
Je sais bien dire « Hue ! » « Go »!
Comme une vrai Grand Breton
A mes vaches Allais
Quand le pré Reverdy.
C’est ce que j’ai élu
Art : aller à la marre
Tine avec mes beaux viaux.
Parfois sur le bord Plath,
Surtout vers la Noël,
C’est un peu trop glissant.
Mais j’ai une super
Vielle, et de cet art
Taud je joue pour Peguy
Mon amie, sur mon char,
Mais un jour Valéry,
M’a jalousement dit :
« J’aurai ta peau,
Linaire. Quel butor !

— Babylon5


Un chant pour la Terre

Je veux chanter la Terre et tous ses éléments
A mes frères humains qui n’en n’ont point pitié :
Son sillage bleu dans l’espace effrayant
Autour de ce soleil qu’elle a toujours aimé.

Je vois rouler toujours ses puissants océans,
Ses oiseaux gris et blanc jouant avec la vague,
Goélands oublieux des humains infamants.
-Terre comme un joyau posé sur une bague.

La Terre qui déploie ses immenses prairies,
Jusqu’aux déserts brulants, jusqu’aux montagnes fières.
Terre avec tes forêts, tes espaces infinis,
Terre, ce miracle  d’azur  dans l’univers.

Solide Terre où marchent et dansent nos pieds
On entend résonner des tambours, des chansons
Chants de l’alouette, ou bien guitare attristée
Dans les soirs parfumés, dans les étés si longs.

Terre, avec tes pierres, Terre tu es ma mère
Terre avec tes eaux, douce et ronde comme un sein
Terre que l’on blesse, tu peux être en colère,
Contre tes enfants trop belliqueux et hautains.

Que l’hirondelle revive, que les glaciers
Reviennent sur tes pics, là-haut sur  tes sommets
Belle Terre, de toi je suis enamourée
Terre ma mère, je suis à toi à jamais.

— Babylon5

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Soirée passée

C’était une soirée de fête enchanteresse.
Le vin coulait avec des frissons de framboise
Dans des jardins français aux douces arabesques,
De flacons cristallins sous les buissons d’armoise.

Ca et là, la lueur d’un flambeau s’éveillait
Pour révéler un bras, une main, une joue
Ronde et rose, vite évanouie, mais si près
De ces allées cachées ou les amours se nouent.

Ombres d’or sombre, éclats soudains de rubis
Sous le chaud ciel d’été piqué de mille étoiles.
Galants conspirant à conquérir leur Amie
Près des bosquets carrés où la lune les voile.

C’est un rêve vieillot : des dentelles, des masques :
Mignonnes à mouche, leur éventail froissé.
Pour leur sourire un Arlequin faisait des frasques-
Amoureux bariolé des seins emprisonnés.

Et la musique ! Langueurs vibrant au dessus
Des oiseaux taiseux, se rappelant leurs voltiges
Ou dormant sur leurs nids baignés par cet afflux
-Ces arpèges légers consolant les litiges.

C’était une soirée, à ma mémoire éteinte :
Soirée jamais vécue, imaginée en rêve
De plaisirs surannés et discrètes étreintes
Dans un jardin français où la lune se lève.

— Babylon5


Le tocsin

Sonne, sonne, sonne le tocsin :
Âmes en déroute sans chemin.
Sonne plus fort encor’ pour l’alarme
Des guerriers perdus qui n’ont plus d’armes.

C’est l’horreur, le triomphe de peur
Danse de la mort et du malheur.
Danse l’esprit fou dans la tempête,
Sonne le tocsin d’un corps sans tête.

Danse Satan, danse Lucifer
Sonne tocsin, ta cloche de fer,
Chasse les oiseaux à la volée
Au ciel obsurci sans échappée.

Sonne tocsin, sonne, assourdis-moi,
Dans le ciel et par dessus les toits.
Sonne plus fort encor’: c’est danger
Sonne pour les humains effrayés.

Le ciel est noir par dessus le pré ;
L’horreur maintenant n’est plus cachée
C’est désespoir avec sa cohorte
C’est l’envers de la joie qui l’emporte.

Sonne tocsin, sonne encor’plus fort
Sonne sur tous les villages morts.
Sonne sur les villes embrumées
Sonne dans les coeurs désespérés.

— Babylon5


Août

Si longs sont les jours de l’été vieillissant.
Le soleil sans faillir brûle la terre encore
La sève redescend dans les herbages morts :
Jours de plomb, nuits lourdes d’un été languissant.

Dans les cieux s’amoncellent, préparant l’orage
Des nuages entassés, de l’Ouest venus,
Prêts à combattre sur les blés déjà battus.
En éclairs bleus tonnant au dessus des villages.

Et les vielles roses fanées, de leurs pétales
Font sacrifice au mois d’Août, perdues sous les pierres
Leurs parfums et couleurs mourantes sous le lierre :
Mais demain renaitra une fleur sans égale.

La fleur n’y pense pas, se contentant d’être
La fleur fanée ne sait pas qu’elle est tombée
Sous les coups du mois d’aout à ses éclairs livrée
La fleur n’y pense pas, je sais qu’elle va renaître.

Mais ils sont si longs ces jours où je me languis
Où je vois cet été et ses fruits murissants
Ployant, tombant sur le sol qui va pourrissant
Du jeune Printemps les magnifiques fruits.

Fin de l’été, la nuit tombe avec violence.
La nuit dit : désormais il faut se préparer
Penser à l’automne,  les volets bien fermer
Cueillir les fruits d’ Août en remerciant notre chance.

— Babylon5

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Hirondelle de Mai

A l’hirondelle de mai laissons
Les cieux d’azur, les moucherons
Qu’elle efface de son trait vivace
Les nuées de guêpes et de frelons.

Elle partira de nos rivages
D’un coup d’ailes, si l’on ne s’engage
A chanter son envol et son nid
Vénérer, où vivent ses petits.

Hirondelle de mai, vol de grues
Oiseaux voyageurs au raz des nues,
Silencieux ou crieurs dans le ciel,
Venez je vous prie, je vous appelle.

En Mars vers vous mes yeux se lèvent
De la terre au ciel, vers ce grand rêve
D’oiseaux montant aux cieux, libérés
De la terre où je suis attachée.

Hirondelle de mai, alouette,
Martinet,mésange ou bien fauvette :
Oiseaux chanteurs, geai, merle rieur
Peuples de l’air, vous êtes bonheur.

Mais pour peu que l’hirondelle tombe
Qui la ramassera en ce monde ?
Les oiseaux brisés dans leur essor
Ne viendront plus saluer l’aurore.

Hirondelle, ce siècle fier ose
Arracher les nids où tu reposes,
Mais attends encor’ dans ta venue
Le Printemps qui bouscule les nues.

Hirondelle de mai, ignorée
Ce siècle a perdu toute piété.
Je te le dis alors tristement :
De nos bruyants rivages va t’en.

— Babylon5

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Il n’a pas voulu

Il n’a plus voulu, plus voulu de moi
Encore moins je crois de mon émoi.
Ce que fait un homme si on l’adore :
J’y ai pensé, parfois j’y pense encore.

C’était par un Octobre romantique :
Les arbres y pleuraient, et mes suppliques
Se cognaient sur les murs et les fenêtres
Pour me blesser encore et disparaître.

Oui, j’ai voulu mourir, mais peu importe ?
J’allais partir… par la petite porte.
Le doux soleil pour moi s’était éteint
J’étais morte à la beauté des matins.

L’homme est si sourd s’il ne veut plus aimer.
Peu lui importe s’il a décidé,
Quand bien même la femme fut bien belle
Aux premiers jours de ses amours nouvelles.

Impoli, il ne dit pas au revoir,
Ni surtout qu’il ne veut plus vous revoir…
La porte se ferme : il part pour toujours,
Laissant traîner une illusion d’amour.

On ne veut pas d’un amour s’il fait peur.
Femme jamais, n’ouvre jamais ton cœur.
Tu es jouet : ne sois jamais toi-même :
Rare et précieux est l’homme qui vous aime.

— Babylon5


Aimer, ne plus aimer.

Je ferais mieux de me taire.
Aimer, c’est profond mystère
Ne plus aimer  l’est aussi.
Misère, cela vous détruit !

On s’accroche à l’être proche :
On oublie les anicroches
Comme on voudrait recoller
Ces petits morceaux cassés !

Pour celui qui vous aimait,
C’est  torture car jamais,
Jamais il ne se repose
Ni ne sent l’odeur des roses.

Pour celle qui n’aime plus,
C’est tourment, défaite et plus.
Elle tient à ce  rafiot
Usé,  qui va à vau l’eau.

C’est douleur, égarement :
Par peur on triche et on ment.
Peur de faire tant de mal :
L’autre ou soit, chagrin banal.

Ne plus aimer, mais pourquoi ?
Pour rien, c’est la vie parfois.
C’est ainsi bien trop souvent
Nos amours ne sont que vent.

Si j’étais une moniale,
Aux amours bien paroissiales
Je pourrais aimer la croix,
Du Christ entendre la voix.

Mais je ne suis pas moinesse
Pourtant un amour céleste
Nous protège du mystère
Sur lequel on doit se taire.

— Babylon5


Rêvasseuse

Revasseuse je révasse
Tout au long des jours qui passent,
Le nez en l’air, en rêveuse,
De toute chose oublieuse.

J’ai les yeux toujours aux nues
Et je me perds dans les rues.
Ma maison est un bazard
Et ma tête un vrai foutoir.

Je ne fais jamais mes comptes.
Je suis pauvre et n’ai pas honte
De marcher mal habillée
Dans mes chaussures élimées.

Je préfère rêvasser,
La tête en l’air paresser.
Laisser les mots me venir
Dans un souffle ou un soupir.

Je ne vois pas les infos :
La télé, c’est chiant, c’est faux.
Le monde est en désarroi
Mais c’est pas ma faute à moi.

J’ouvre un livre, je le ferme.
Il m’embête avec ses termes
J’aime pas les philosophes
Ce sont de vraies catastrophes.

Je traine dans ma maison,
Mal peignée et en chaussons.
Qu’y a t-il à l’extérieur ?
Peu de chose de valeur…

J’allume une cigarette,
La fumée monte à ma tête,
Puis sirote un peu de vin,
Me foutant des loi Evin.

Je ne suis pas un modèle
Ce sera pas éternel.
Mais je m’en fous, voyez-vous
J’ai perdu confiance en tout,

Si ce n’est de rêvasser,
Avec les mots m’amuser.
Ils sont ma consolation,
Prière et absolution.

— Babylon5

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Le poème

Le poème c’est un don :
Bouquet sauvage cueilli
Dans la glaise de la vie.
Sans compter nous le donnons.

Le poème est un travail.
Il se fait avec les mots
Ereintés par tant de maux
Pour chanter, vaille-que-vaille.

Le poème c’est un bruit,
Une rumeur, une voix
Qui nous murmure tout bas
Nos désirs inaccomplis.

C’est notre sang si brulant.
C’est ne pas savoir mourir
Sans l’avoir dit, ni redire :
Je suis là, je suis vivant.

le poème, c’est prière,
Dans la prison, dans le chœur
En ce temple de malheur
A genoux dans la poussière.

le poème, c’est l’envol
De notre âme emprisonnée,
Aux jours fades enchaînée,
Pour notre cœur une obole.

le poème est une envie
Une antidote à la mort,
Mort trompeuse en ces décors
Qui sont illusion de vie.

Le poème c’est ivresse
C’est échappée infinie :
Ordre, désordre, Folie,
C’est l’humain qui se redresse.

— Babylon5

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A quoi sert la poésie ?

La poésie ne sert à rien :
La prière ne sert à rien
Aimer ne sert à rien non plus
Vivre ne sert à rien de plus.

La poésie sert à exalter;
La poésie sert à jubiler
La poésie sert aussi à dire
Tout ce qui ne peut pas se dire.

La poésie sert à crier
La poésie sert à chanter
La poésie vibre en nos âmes
En déroulant pour nous son drame.

La poésie c’est tout, c’est rien
La poésie nous fait du bien
D’entendre ses mots de poètes
Nos frères amis et prophètes.

Le Poète est très démuni
Mais nous tend une main amie
On peut ignorer son message
Maintenant, en ce très sombre âge.

Si vous chassez la Poésie,
Elle reviendra dans vos vies.
La poésie sait se cacher
Là où on n’y a pas pensé.

La Poésie est éternelle :
C’est le cœur qui se rebelle,
C’est la passion, c’est la beauté
De notre pauvre humanité.

— Babylon5

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Ancien Mai

l y eu des temps magiques,
Les ai-je vus ou bien rêvés ?
Que les jours étaient magnifiques !
Mais maintenant c’est du passé.

C’étaient des jours, je me rappelle,
Le temps arrêté basculait
Vers des soirs fumants, irréels,
Aux fenêtres du mois de mai.

On voyait les murs se couvrir
De mots étranges mais plaisants
On entendait des cris, des rires
Jusque dans le matin bleuissant.

Ce fut, je crois, une invasion
Qui tint le pavé tout un mois
Ce fut, c’est sûr, une irruption
De poésie sous tous les toits.

La vieille ville s’ébrouant
Secouait ses écailles noires
Et déversait sur ses trottoirs
Des enragés aux yeux d’enfant.

C’était étonnant et bizarre :
D’aucuns se terraient de frayeur
Quand d’autres, ivres de bonheur
S’embrassaient sous le Pont des Arts.

Humeur de fête ou bien de guerre ;
Ce fut rupture pour un temps
L’espoir d’un peuple renaissant
Qui maintenant n’a qu’à se taire

C’était en mai, je me souviens.
La Parole tenait les rues
Les voix aujourd’hui se sont tues
Dans la fadeur du mois de juin.

— Babylon5

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Ecce homo

Un écho au poème de Cochonfucius : , mais
beaucoup moins gentil envers ledit primate :

Je suis l’ Homme, faites moi place.
Homo Sapiens, j’ai de l’audace
Dieu m’a donné un chèque en blanc
Pour saigner la planète à blanc.

Homme je suis : j’ai des Idées.
Je sais tout compter, mesurer.
Je sais tuer mieux qu’un rapace.
C’est moi le Roi, je suis sagace.

Je suis l’Homme : pliez sous moi.
Fier je suis et je marche droit.
J’ai tout inventé, et par Dieu,
Je suis le Maître ce ces lieux.

Je suis l’ Homme, j’ai créé Dieu
Pour mes méfaits excuser mieux.
Je suis l’ Homme, et pas d’erreur,
Mâle je suis pour la terreur.

Je suis l’Homme, une nullité
J’ai renié ma propre moitié.
Pour commencer mes premier crimes,
Il me fallait une victime.

Je suis l’Homme, j’ai tout construit,
Inventant la parole, l’écrit
Pour me raconter des histoires
Qui flattent mon désir de gloire.

Homme je suis, mais spirituel :
Dieu m’a donné une étincelle.
Je prie, me fond en oraisons,
Mais reste fier de ma Raison.

Homo Sapiens, singe risible,
Je me prends moi-même pour cible.
Je sais affamer mes enfants
Comme aucun animal vivant.

Je clame partout le Progrès.
J’ai l’instinct de justice, vrai :
Protégeant le paralytique,
Tout en fabriquant du plastic.

Je suis l’Homme : je suis un fou.
En inconscient je détruis tout :
Un essai de l’ évolution
Voué à la condamnation.

— Babylon5


Délicieusement les corbeaux

Encore un hommage à Arthur Rimbaud (Les Corbeaux)

Délicieusement les corbeaux
Plongent du bec dans un corps bien chaud,
Croassant, battant leurs ailes bleues
Pour savoir qui goutera aux yeux.

Le chaud soleil brille, indifférent,
Tandis qu’une hirondelle en passant
Gobe une scatophage en plein vol
Et va chasser dans les vapeurs molles.

Le Printemps mourant -moi de Juin
Est couvert de plaies d’où il suint,
Parfum écœurant de pourriture,
Le noir fluide de la Nature.

Juin : même la rivière a chaud.
Un peu plus loin on voit des troupeaux
Couchés, et ruminant l’herbe rance
Où vrombissent les taons, leur engeance.

Après-midi de Juin, dans les prés
Un couvercle d’azur est posé
Sur la délicieuse Nature
Où chacun peut trouver sa pâture.

Délicieusement, les corbeaux
Se régalent d’un corps encor’ chaud
La table est bien dressée pour la mort
Que la vie épousera encore.

— Babylon5

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On n’est pas sérieux quand on a 19 ans (hommage à Rimbaud)

J’ai pu faire cet "hommage à Rimbaud jusqu’au II seulement… Je suis sûre qu’il ne m’en voudra pas .

On n’est pas sérieux quand on a 19 ans.
- Un beau matin, foin des cours et des promenades
Sur les allées bétonnées pour les étudiants,
- On rejoint les cafés aux brillantes arcades.

Les demis sentent bons pendant ces longs matins !
Il est si doux le goût de la première bière ;
Le MP3 nous berce -les parents sont si loin,
Que de bonheur on voudrait fermer la paupière.

II

Mais voilà qu’on aperçoit un tout petit chichon
Qui tourne discrètement près de notre manche,
Offert par un copain, pas mauvais dans le fond,
Qui ressemble à un piaf perché sur une branche.

Matin de mai ! Dix-neuf ans ! On est déjanté.
La fumée et l’alcool vous montent à la tête…
On divague ; on se sent l’envie de sauter
Sur sa voisine de table comme une bête…

Pour la suite, eh ! bien, euh…


— Babylon5

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Poète enragé

Le poète enragé rage,
Le poète engagé gage.
Le poète dégagé
Est beaucoup moins acharné.

Le poète dégagé
N’aime pas poétiser
Si ce n’est en romantique
Sur l’ amour et la mystique.

Ce poète, âme sensible,
Choisit cependant ses cibles :
Il aime le verbe aimer
Et n’a pas l’esprit guerrier.

Mais d’autres poètes ragent,
Enragés par les ravages
Du mal qu’on fait aux humains :
Ici, là, ou bien demain.

Rage lucide ne gage
Pas sur d’illusoires cages.
Ce poète est un Parleur
Parlant aussi du malheur.

Poète engagé, dégage !
Aragon et ses ramages
Eluard qui écrivait
N’importe où ses vers pas laids

- Il est vrai- mais communistes-
Maintenant plus sur la piste :
Reste quand même la rage
Enrageant dans ce saccage.


— Babylon5

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Fable cinématographique

Maître Warner sur un câble branché
Tenait en son bec un sondage

Mâitre Fox, qui par là justement passait,
Etant de mauvails poil, lui faucha son prime-time,
puis dit :

"Eh ! Mec tes programmes ils sont nuls
Tes films sentent le moisi, tes sitcoms sont pourris
pires que des séries B"

"Comment quoi ?" , répondit Warner
"Nom d’un Paramount, sale renard
tu vas me le payer.

Je vais voir MGM, tu vas plus te marrer
Le Sugar Bowl, tu peux te le carrer,
car toutes les chaines on va couper"

"Ah ! Ah ! " s’exclama Maître Fox

Ton football de merde il est pour Maître Disney
Ton lion tout pelé, il fait même pas peur aux minettes,
C’est pas lui qui va me mettre RKO".

Sur ces paroles bien senties
Monsieur Renard avec Universal s’enfuit
En se disant "ma foi, j’ai gagné quelques poulettes,

Mais j’ai pas intérêt à refaire une boulette.


— Babylon5

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