4. Textes en prose

le Bureau des Pleurs (saynète)

- Bonjour Monsieur.
- Bonjour. Que puis-je pour vous ?
- C’est bien ici le Bureau des Pleurs ?
- Oui, mais vous devez déposer vos larmes à l’entrée.
- Ah ! Bon. Et pourquoi donc ?
- Trop risqué. Nous n’avons pas de plan d’évacuation, vous savez…
- Bon. Pas grave, je n’ai plus de larmes. J’ai juste un gros paquet.
- Ah ! Oui ? Quel genre de paquet ?
- Un paquet de souffrances. Vous prenez bien les paquets de souffrance, non ?
- Oui, oui.
- Et où puis-je le déposer ?
- Vous voyez le comptoir Bouddhiste au fond du bureau ?
- Non, je ne vois rien. Mais de toute façon je suis catholique.
- Ah ! Je vois… Dans ce cas…
- oui ? Quoi ?
- Eh ! Bien, je ne peux rien faire pour vous.
- Et pourquoi donc, Monsieur ?
- Les Catholiques et autres Chrétiens sont priés de porter leur fardeau jusqu’à la fin. C’est dans le règlement.
- Oh ! Mais vous savez, Monsieur l’employé, je ne suis pas si Chrétien que ça… Juste baptisé…
- Ah ! Alors c’est différent. Vous pouvez dans ce cas déposer votre paquet.
- Sur le comptoir Bouddhiste ? Mais je ne le vois pas !
- C’est normal Monsieur. le Bouddhisme stipule que tout n’est qu’illusion.
- Même le Bouddhisme ?
- Oui, c’est ça. Même le Bouddhisme et le Bouddha aussi d’ailleurs.
- Mais alors ? Comment vais-je faire ? Je voudrais bien me débarrasser de ce gros paquet… Il est très lourd, vous savez !
- Décidément, Monsieur, je vois que vous n’êtes pas très gâté du point de vue de l’intelligence.
- Comment ça ? Vous osez me traiter d’imbécile en plus ?
- Bon, écoutez. J’ai beaucoup de travail. Repassez plus tard.
- Quoi ? Vous ne voulez même pas me répondre, espèce de bureaucrate borné ?
- Attention, Monsieur ! A votre place je me calmerais. Ca n’est pas vous qui faites la loi ici.
(le client se met à pleurer)
- (l’employé est terrorisé) Arrêtez-moi ça tout de suite ! Vous allez nous noyer, ma parole ! Bon, jevais vous expliquer.
- (l’autre se calme, il sort un grand mouchoir). Ah ! Merci. Je vous écoute.
- Bon, je vous disais que tout est illusion…
- Selon le Bouddhisme ?
- Oui.
- Et alors ?
- (l’employé s’énerve un peu) Et alors ? Et alors, si tout est illusion, votre paquet l’est aussi, ça y est,vous pigez ?
- (le client regarde à ses pieds) Mais, Monsieur le préposé, je ne voudrais pas vous contredire, mais il est toujours là !
(il essaye de le soulever)… Et il est encore plus lourd…
- Mais que voulez-vous que j’y fasse, si vous vous trimballez avec un gros de paquet de souffrances illusoires !
Allez, oust ! Ca suffit maintenant ! Débarrassez-moi le plancher !

A ce moment, une trappe s’ouvre dans le sol sous le client, qui tombe avec son gros paquet. L’employé s’essuie le front d’un air
excédé, et retourne à ses écritures.

— Babylon5


Nouvelle catégorie : prose

J’ai ouvert une nouvelle catégorie prose, ouverte à tous les contributeurs. Dans cette catégorie, vous pouvez aussi poster de courtes nouvelles, des textes en prose (à caractère poétique tout de même). Tout texte original est le bienvenu dans cette catégorie : à vos claviers !

— Babylon5

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l’aspiritualité

L’éclosif revenait l’esprit troublé d’une session d’auto-perméabilité tentative.   Yake Lakang le voyant dans cet état s’esclaffa et éclata de rire, bon enfant.   « Qu’est-ce qui vous fait donc rire ?   Car, pour ma part, je me suis bien concentré, mais je n’ai pas progressé d’un pouce.   —— Vous avez trop pratiqué l’aspiritualité; vous voilà tout aspiré !   Êtes-vous paresseux, inabouti, poussiéreux ?   Sans cela, vous ne pouvez atteindre à la perfection.   Laissez donc toute image de vous-même, soyez tel un miroir opaque.   Autrement, vous ne ferez que sautiller çà-là misérablement. »

http://bit.ly/cvyF70

— Escape


En rentrant du travail.

- Pourquoi…
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi tu m’en as pas parlé…
- Parlé de quoi ?
- Non, de qui…
- Bon ! Parlé de qui ?
- De la voisine.
- Quoi, la voisine ?
- la voisine… tu sais bien..
- Quelle voisine ? Je ne parle jamais des voisins.
- Oui mais tu parles à la voisine.
- Hein ? Je parle à la voisine ? Quelle voisine ,
- Tu sais bien… la voisine du premier…
- Et alors, qu’est-ce qu’elle a, la voisine du premier ? (voix off : « C’est toujours la voisine du premier »
- D’abord elle est mieux maquillée…
- je sais pas. je regarde pas les voisins.
- Si, les voisines…
- Bon ! Elle est mieux maquillée que qui, cette voisine ?
- Mieux que moi, tiens ! Et elle est plus jeune. Bien plus jeune.
- Plus jeune que qui ?
- Plus jeune que moi, tiens !
- Et alors ?
- Comment « et alors » ?
- Ben oui, elle est mieux maquillée que toi, elle est bien plus jeune… et alors ?
- Et alors, quoi ?
- Et alors, qu’est-ce que t’entends par là ?
- Moi ? Mais j’entends rien ! Je vois…
- Ah ? Et tu vois quoi ?
- Je vois comment tu la regardes.
- Quand ça ? Je regarde pas les voisins.
- Si, tu la regardes !
- Ah ! Bon ? Quand ça ?
- Quand elle monte l’escalier.
- Mais je te dis que je regarde pas.
- Qu’est-ce que tu fais alors ?
- Je pense…
_ Ah ! Et tu penses à quoi ?
- Je sais pas. A mon boulot, peut-être à l’escalier…
- Qu’est-ce qu’il a l’escalier ?
- Ben… peut-être qu’il aurait besoin d’être réparé.Tu n’as pas vu ?
- Vu quoi ?
- La marche branlante après le tournant.
- Ah ! C’est bien ce que je disais…
- Tu disais quoi ?
- Sur la voisine : tu t’inquiètes pour elle, c’est ça.
- Je m’inquiète de quoi ?
- Tu a peur qu’elle aie un accident… Remarque, ça t’arrangerait, pas vrai ?
- Mais pourquoi enfin ! Pourquoi ça m’arrangerait !
- Ben, comme ça, tu pourrais la prendre dans tes bras.
- Hein ?
- Ben oui, la « soigner », quoi…
- Comment « la soigner » ? Je suis pas docteur, moi. Je suis informaticien.
- Oh ! Et puis ça suffit !
- Qu’est-ce qui suffit ?
- Cette discussion, de toute façon tu es comme les autres.
- les autres quoi ?
- Les autres hommes, enfin.
- Et quoi ? Tu veux dire quoi ? Ils sont comment d’abord les autres hommes ?
- Tous les mêmes !
- Ah ? Tu trouves que je suis pareil que ton cousin Robert ?
- Non, j’ai pas dit ça. Mon cousin est chauve, d’abord.Et en plus il est gay.
- Mais c’est très bien d’avoir un cousin gay. Et il est chauve ?
- T’avais pas remarqué ?
- Non, je te dis, je regarde pas les voisins.
- Mais c’est pas un voisin, c’est Robert ! Il est chaauve et gay !
- Ah ! Bon, alors il doit être encore plu drôle.
- Bon ! Je te parlais pas de Robert, d’abord…
- Tu parlais de quoi ?
- Je parlais des hommes, des hommes comme toi…
- Quoi ? Tu penses que Robert n’est pas un homme parce qu’il est gay ?
- Mais non ! Arrêtes de noyer le poisson !
- Quel poisson ?
- Tu sais ce que je veux dire : la poissonne.
- Mais il n’y a pas de poissonne ici, de quoi tu parles ?
- De qui !
- Euh… de la voisine ?
- Ben oui…
- Bon, qu’est-ce qu’il se passe avec la voisine ?
- Tu es amoureux d’elle, avoue-le !
- Euh…. Ah ?….
- Ben oui, ça se voit.
- Et comment tu vois ça ?
- ça se voit à la façon dont tu la regardes.
- Je regarde jamais les voisins.
- Ni les voisines ?
- Juré, craché.
- Qu’est-ce que tu regardes alors ?
- Mes pieds, et de temps en temps l’escalier.
- De toute façon, je vois bien que tu me regardes plus.
- Pourquoi veux-tu que je te regarde ?
- Si tu étais amoureux tu me regarderais…
- Je te regarderais comment ?
- Comme au début, tiens, avec des yeux de merlan…
- Encore les poissons ? Je n’y connais rien en poissons. Je suis informaticien.
- C’est bien ce que je disais…
- Quoi ?
- Tu ne m’aimes plus.
- Et toi ?
- Quoi, moi ?
- Et toi, qu’est-ce que tu fais, à part espionner les voisin ?
- Ben, je pense à toi toute la journée, je te prépare du cassoulet…
- Ah ! C’est vrai, il est génial ton cassoulet. Et à part ça ?
- Ben, je m’occupe, je fais la lessive, je vais au supermarché…
- Pour quoi faire ?
- Pour t’écheter à manger, pardi !
- Ah ! Bon ? Et toi, qu’est-ce que tu manges ?
- La même chose que toi… qu’est-ce que tu crois ?
- Bon, alors dis pas que tu fais les courses juste pour moi.
- J’ai pas dit ça ! (elle se met à pleurer)
- Mais tu l’as insinué pas vrai ?
- Et la voisine ?
- La voisine ? Je vais te dire : peut-être que je vais me la faire.
- Mais pourquoi ?
- Parce que tu m’y a fait penser. C’est peut-être bien une bonne idée.
- Mais pourquoi, tu l’as même pas regardée !
- Pourquoi ? Pourquoi ? Parce que tu m’emmmerdes !
- Tu te ferais n’importe qui parce que je t’emmerde ?
- Oui, figure-toi : même ton cousin Robert !
- Mais Robert est chauve …(elle se remet à pleurer)
- Oui, mais lui au moins il est gai.
- Et la voisine ?
- Je sais pas. Demain je la regarderai.
- Et si tu la trouves moche ?
- Tu as dit qu’elle était belle, jeune et bien maquillée.
- Bon… Bon… D’accord…. mais… euh…est-ce que je peux me taper le plombier ?

Babylon5

— Babylon5


Un soir en été

S’embarquer dans le voyage de la nuit,
un soir, en été.
Les lumières dans le ciel calmé
un pan de fenêtre entre-ouvert, la lune immobile.
les hirondelles se taisent, blotties sur leurs couvées.
La ville adoucie, les arbres secrets,
quelque musique, loin ; un homme au balcon accoudé
qui fume en songeant.
Quelques voix claires et douces d’enfants qui n’ont pas sommeil.
Derrière une porte, une pénombre, le son d’une radio,
le temps suspendu entre le halo d’une lampe et un grand vide peuplé.
C’est le règne immobile de la paix retrouvée.
les yeux à demi-fermés, on se laisse aller à de demi-rêves,
à demi-habillés
Il n’est pas temps de s’endormir ; il n’est pas temps de fermer les volets.
On est à ce monde, plus que jamais.

Babylon5

— Babylon5


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