Tag: Amour

Le clown

Ding ! Ding ! Dong ! Les dix heures sonnent.
Un triste clown au bout d’un quai
Débite des poèmes niais
Dans l’hiver où rien ne résonne.

Ding ! Ding ! Il les dit pour sa mie.
Ses yeux sont cernés par le deuil :
Elle est partie dans un linceul
Par un neigeux après-midi.

Ding ! Ding ! Dong ! A la cathédrale
On dit des messes pour son âme.
Lui ne verra plus sa femme.
C’était son Temple, son Saint Graal.

Ding ! Ding ! Dong ! Du haut de la tour
Les cloches se font solennelles
Dix heures il est, mais plus pour Elle
Le clown est fou sans son amour.

Ding ! Ding ! Ils ne reviendront plus
Ces jours vivants dans sa mémoire :
Les longs matins, langoureux soirs
De doux baisers sur leurs cous nus.

Ding ! Ding ! Dong ! C’est l’heure finale.
Ce n’est qu’un clown à l’air idiot
Au bout d’un quai léché par l’eau,
Eau de grand fleuve ou de canal.

Ding ! Ding ! Voici qu’un train arrive
Un train d’enfer qui entre à quai :
Wagons d’acier, strident sifflet
Train qui court vers une autre rive.

Train d’enfer : si tu l’emmenais
Sous la neige, sous le goudron,
Loin sous la Terre, tout au fond,
Dans l’oubli perdu à jamais.

Ding ! Ding ! Les cloches carillonnent.
Le bronze et l’airain répercutent
L’horreur bleue d’un esprit qui chute
Loin dans la Terre vermillonne.

Fin pour le clown fou, le clown niais.
Le clown est tombé. Son étoile
Brille au loin dans un ciel sans voiles
Partie, partie, très loin du quai.

— Babylon5


Les Amours tragiques d’un geek

Certain jour un fou d’informatique
Qui ne connaissait ni nuit ni jour
Fut soudain pris d’un violent amour
Pour une belle aux charmes phtysiques.

Il l’avait rencontrée sur le Net
Au hazard d’un « chat » sur les astuces
Pour se débarasser des virus,
Des troyens et des cookies pas nets.

La belle était malade, pour sur !
Cela se voyait rien qu’à ses mots.
Il les attendait comme un cadeau :
Ils illuminaient sa chambre obscure.

Elle était brune c’était certain.
Elle avait aussi de grands yeux noirs
Et, toussant tendrement tous les soirs,
Elle envoyait pour lui des quatrains.

L’informaticien épris de puces
Ne parlait qu’en zéros et en uns.
Parfois il s’adressait à son chien,
Qui des puces en avait beaucoup plus.

Comment faire quand on est un geek
Né avec un clavier sous la main ;
Un coeur de silice à peine humain
Enamouré d’une fleur phtysique ?

La vie du geek devint bien tragique :
Essayant d’écrire des mots doux
Le pauvre en vint à oublier tout,
Perdu dans des rêveries poétiques.

La belle écrivait de longs poèmes
Sur la vie, l’amour, l’éternité,
Les aventures d’un chevalier
Epris d’une princesse au teint blême.

Zéro-un, un-zéro, traduisait la machine…
Mais comment une passion virtuelle
Peut ainsi bousculer le réel
Pour une belle habitant la Chine,

L’Autriche, le Maroc ou Bangcock ?
Pendant qu’elle toussait, il pensa :
« Si j’envoyais cette photo-là ?
J’y suis pas mal, et fier comme un coq »

Alors vint le mathématicien
Son ami fou, mais d’inadéquations,
Logarithmes, chiffres et fonctions.
« Dis-donc », fit-il « Tu as l’air d’un chien

Tu devrais aller un peu à l’air.
Sont-ce tes puces qui te tracassent ?
Tu ferais mieux de descendre en face,
Dans ce bistrot de bonne atmosphère.

L’autre, pour l’heure, se laissa faire
Et bras sous bras les voilà partis
Pour le bistrot louche de Lily,
Où certains allaient à leur affaire.

A peine entré le geek se pâma,
Pris de vertiges et tremblements.
Il tomba sur le sol, inconscient,
Au pied de sa brune à l’œil las.

— Babylon5


Il n’a pas voulu

Il n’a plus voulu, plus voulu de moi
Encore moins je crois de mon émoi.
Ce que fait un homme si on l’adore :
J’y ai pensé, parfois j’y pense encore.

C’était par un Octobre romantique :
Les arbres y pleuraient, et mes suppliques
Se cognaient sur les murs et les fenêtres
Pour me blesser encore et disparaître.

Oui, j’ai voulu mourir, mais peu importe ?
J’allais partir… par la petite porte.
Le doux soleil pour moi s’était éteint
J’étais morte à la beauté des matins.

L’homme est si sourd s’il ne veut plus aimer.
Peu lui importe s’il a décidé,
Quand bien même la femme fut bien belle
Aux premiers jours de ses amours nouvelles.

Impoli, il ne dit pas au revoir,
Ni surtout qu’il ne veut plus vous revoir…
La porte se ferme : il part pour toujours,
Laissant traîner une illusion d’amour.

On ne veut pas d’un amour s’il fait peur.
Femme jamais, n’ouvre jamais ton cœur.
Tu es jouet : ne sois jamais toi-même :
Rare et précieux est l’homme qui vous aime.

— Babylon5


Aimer, ne plus aimer.

Je ferais mieux de me taire.
Aimer, c’est profond mystère
Ne plus aimer  l’est aussi.
Misère, cela vous détruit !

On s’accroche à l’être proche :
On oublie les anicroches
Comme on voudrait recoller
Ces petits morceaux cassés !

Pour celui qui vous aimait,
C’est  torture car jamais,
Jamais il ne se repose
Ni ne sent l’odeur des roses.

Pour celle qui n’aime plus,
C’est tourment, défaite et plus.
Elle tient à ce  rafiot
Usé,  qui va à vau l’eau.

C’est douleur, égarement :
Par peur on triche et on ment.
Peur de faire tant de mal :
L’autre ou soit, chagrin banal.

Ne plus aimer, mais pourquoi ?
Pour rien, c’est la vie parfois.
C’est ainsi bien trop souvent
Nos amours ne sont que vent.

Si j’étais une moniale,
Aux amours bien paroissiales
Je pourrais aimer la croix,
Du Christ entendre la voix.

Mais je ne suis pas moinesse
Pourtant un amour céleste
Nous protège du mystère
Sur lequel on doit se taire.

— Babylon5


L’espoir, l’amour, la mort de l’espoir

Au fond des bois l’espoir se meurt,
Meurt tout doucement, pas de sang
L’espoir, une fragile fleur
Qu’écrase une botte en passant.

Ce fut la tentative ultime,
D’un être toujours obstiné
Qui rêvait d’un amour sublime,
Ne voulant pas désespérer.

Au bois de ce cœur, c’est l’hiver
Désormais il l’avoue vaincu
Par ces rigueurs, ces lacs de verre
Ne réfléchissant que les nues

Grises et noires, l’indifférence
Pour une vieille fleur fanée
Pour ce corps en désespérance,
Pour ces désirs toujours reniés.

Au fond des bois, l’affreux silence,
Complice d’un crime, se tait,
Crime d’oubli, d’indifférence :
Celui en qui l’on espérait.

Au fond des bois, l’espoir violé
Se cache, mourant doucement,*
Aux yeux communs dissimulé,
Sans plus d’histoires, simplement.

C’était la dernière romance ;
Morte à présent, et les années
N’ont plus d’importance ; pas de chance
Sinon la poésie chanter.

Et puis aussi, n’aimant plus rien
Se moquer de tout, ou pleurer
Sur les roses d’hier matin
Non respirées dans la rosée.

Babylon5

— Babylon5

Commentaires fermés more...

Rose est la Rose…

Rose est la rose au parfum si ténu :
Si tu te penches te souviendras d’elle.
Bientôt à l’automne elle sera nue,
Fleur fanée au sol y sera plus belle.

Rose la rose sera toujours là,
Fleur des Fleurs dans ton rêve épanouie.
Les yeux fermés la nuit tu la verras,
La rose que jamais rien n’abolit.

Rose est la rose, elle est là dans ton coeur,
Rose la rose de tous tes émois,
Centre du monde, bonheur ou malheur,
Dressée dans ton jardin comme une croix.

Rose la rose jamais ne mourra
Pour toi, hanté par amour et beauté ;
Elle viendra au moment du trépas
De sa rosée enfin te baptiser

Babylon5

— Babylon5


Deux Ingénieurs {suivi de} Jours de 2010

Échange entre Cochonfucius en bouts rimés,  suivant « Deux Ingénieurs » (qui est publié ailleurs sur « mes poèmes »).
J’ai laissé le petit poème qui fut suivi de notre long échange.

(continue reading…)

— Babylon5


En rentrant du travail.

- Pourquoi…
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi tu m’en as pas parlé…
- Parlé de quoi ?
- Non, de qui…
- Bon ! Parlé de qui ?
- De la voisine.
- Quoi, la voisine ?
- la voisine… tu sais bien..
- Quelle voisine ? Je ne parle jamais des voisins.
- Oui mais tu parles à la voisine.
- Hein ? Je parle à la voisine ? Quelle voisine ,
- Tu sais bien… la voisine du premier…
- Et alors, qu’est-ce qu’elle a, la voisine du premier ? (voix off : « C’est toujours la voisine du premier »
- D’abord elle est mieux maquillée…
- je sais pas. je regarde pas les voisins.
- Si, les voisines…
- Bon ! Elle est mieux maquillée que qui, cette voisine ?
- Mieux que moi, tiens ! Et elle est plus jeune. Bien plus jeune.
- Plus jeune que qui ?
- Plus jeune que moi, tiens !
- Et alors ?
- Comment « et alors » ?
- Ben oui, elle est mieux maquillée que toi, elle est bien plus jeune… et alors ?
- Et alors, quoi ?
- Et alors, qu’est-ce que t’entends par là ?
- Moi ? Mais j’entends rien ! Je vois…
- Ah ? Et tu vois quoi ?
- Je vois comment tu la regardes.
- Quand ça ? Je regarde pas les voisins.
- Si, tu la regardes !
- Ah ! Bon ? Quand ça ?
- Quand elle monte l’escalier.
- Mais je te dis que je regarde pas.
- Qu’est-ce que tu fais alors ?
- Je pense…
_ Ah ! Et tu penses à quoi ?
- Je sais pas. A mon boulot, peut-être à l’escalier…
- Qu’est-ce qu’il a l’escalier ?
- Ben… peut-être qu’il aurait besoin d’être réparé.Tu n’as pas vu ?
- Vu quoi ?
- La marche branlante après le tournant.
- Ah ! C’est bien ce que je disais…
- Tu disais quoi ?
- Sur la voisine : tu t’inquiètes pour elle, c’est ça.
- Je m’inquiète de quoi ?
- Tu a peur qu’elle aie un accident… Remarque, ça t’arrangerait, pas vrai ?
- Mais pourquoi enfin ! Pourquoi ça m’arrangerait !
- Ben, comme ça, tu pourrais la prendre dans tes bras.
- Hein ?
- Ben oui, la « soigner », quoi…
- Comment « la soigner » ? Je suis pas docteur, moi. Je suis informaticien.
- Oh ! Et puis ça suffit !
- Qu’est-ce qui suffit ?
- Cette discussion, de toute façon tu es comme les autres.
- les autres quoi ?
- Les autres hommes, enfin.
- Et quoi ? Tu veux dire quoi ? Ils sont comment d’abord les autres hommes ?
- Tous les mêmes !
- Ah ? Tu trouves que je suis pareil que ton cousin Robert ?
- Non, j’ai pas dit ça. Mon cousin est chauve, d’abord.Et en plus il est gay.
- Mais c’est très bien d’avoir un cousin gay. Et il est chauve ?
- T’avais pas remarqué ?
- Non, je te dis, je regarde pas les voisins.
- Mais c’est pas un voisin, c’est Robert ! Il est chaauve et gay !
- Ah ! Bon, alors il doit être encore plu drôle.
- Bon ! Je te parlais pas de Robert, d’abord…
- Tu parlais de quoi ?
- Je parlais des hommes, des hommes comme toi…
- Quoi ? Tu penses que Robert n’est pas un homme parce qu’il est gay ?
- Mais non ! Arrêtes de noyer le poisson !
- Quel poisson ?
- Tu sais ce que je veux dire : la poissonne.
- Mais il n’y a pas de poissonne ici, de quoi tu parles ?
- De qui !
- Euh… de la voisine ?
- Ben oui…
- Bon, qu’est-ce qu’il se passe avec la voisine ?
- Tu es amoureux d’elle, avoue-le !
- Euh…. Ah ?….
- Ben oui, ça se voit.
- Et comment tu vois ça ?
- ça se voit à la façon dont tu la regardes.
- Je regarde jamais les voisins.
- Ni les voisines ?
- Juré, craché.
- Qu’est-ce que tu regardes alors ?
- Mes pieds, et de temps en temps l’escalier.
- De toute façon, je vois bien que tu me regardes plus.
- Pourquoi veux-tu que je te regarde ?
- Si tu étais amoureux tu me regarderais…
- Je te regarderais comment ?
- Comme au début, tiens, avec des yeux de merlan…
- Encore les poissons ? Je n’y connais rien en poissons. Je suis informaticien.
- C’est bien ce que je disais…
- Quoi ?
- Tu ne m’aimes plus.
- Et toi ?
- Quoi, moi ?
- Et toi, qu’est-ce que tu fais, à part espionner les voisin ?
- Ben, je pense à toi toute la journée, je te prépare du cassoulet…
- Ah ! C’est vrai, il est génial ton cassoulet. Et à part ça ?
- Ben, je m’occupe, je fais la lessive, je vais au supermarché…
- Pour quoi faire ?
- Pour t’écheter à manger, pardi !
- Ah ! Bon ? Et toi, qu’est-ce que tu manges ?
- La même chose que toi… qu’est-ce que tu crois ?
- Bon, alors dis pas que tu fais les courses juste pour moi.
- J’ai pas dit ça ! (elle se met à pleurer)
- Mais tu l’as insinué pas vrai ?
- Et la voisine ?
- La voisine ? Je vais te dire : peut-être que je vais me la faire.
- Mais pourquoi ?
- Parce que tu m’y a fait penser. C’est peut-être bien une bonne idée.
- Mais pourquoi, tu l’as même pas regardée !
- Pourquoi ? Pourquoi ? Parce que tu m’emmmerdes !
- Tu te ferais n’importe qui parce que je t’emmerde ?
- Oui, figure-toi : même ton cousin Robert !
- Mais Robert est chauve …(elle se remet à pleurer)
- Oui, mais lui au moins il est gai.
- Et la voisine ?
- Je sais pas. Demain je la regarderai.
- Et si tu la trouves moche ?
- Tu as dit qu’elle était belle, jeune et bien maquillée.
- Bon… Bon… D’accord…. mais… euh…est-ce que je peux me taper le plombier ?

Babylon5

— Babylon5


  • Calendrier

    avril 2025
    L Ma Me J V S D
    « avr    
     123456
    78910111213
    14151617181920
    21222324252627
    282930  
  • Archives :

  • 2010
    iDream theme by Templates Next | Powered by WordPress

    © 2010-2025 iNVaSioNS PoeTiQueS All Rights Reserved -- Copyright notice by Blog Copyright

    Uses wordpress plugins developed by www.wpdevelop.com