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Complainte de poète

Le Poète inspiré aspire
Parfois au repos. Comment dire ?
Un vertige venu d’en haut :
Le Poète est à court de mots.

Un nuage gris est sur lui.
Comment marcher dans cette nuit ?
Comment nourrir la flamme obscure,
Cette lueur qui le torture.

Comme il voudrait être une bête !
Ne plus entendre dans sa tête
Ni ces appels, ni ces clameurs
Ni ces poussées vers le bonheur.

Le poète n’est pas un prêtre.
Ni temple ni autel : que l’être
Criant vers un ciel infini.
Poète inspiré et maudit.

Mais le Poète est un emblème,
Comme une croix, souffrance extrême,
Dressée là entre jour et nuit :
Le Poète n’a pas choisi.

Inspiré, il n’est pas prophète.
Il n’est qu’un malheureux poète
Et rien ne sait tenir pour vrai
Sinon le vide qui l’effraie.

Inspiré, il ne l’est pas toujours :
Accablés d’ennui sont ces jours
Où il ne sait trouver les mots
Pour dire l’indicible beau.

Il ne repose pas pourtant :
Il travaille même en dormant,
Obsédé qu’il est de coucher
L’ineffable sur le papier.

On croit souvent qu’il s’émerveille
D’une fleur, du ciel, du soleil.
C’est en lui qu’il voudrait voir clair
Car à lui-même il est mystère.

Poète, tu ne sais retrouver
Ce Jardin dont Dieu t’a chassé.
Poète inspiré, tu es fou
Tes mots toujours de toi se jouent.

— Babylon5


Le clown

Ding ! Ding ! Dong ! Les dix heures sonnent.
Un triste clown au bout d’un quai
Débite des poèmes niais
Dans l’hiver où rien ne résonne.

Ding ! Ding ! Il les dit pour sa mie.
Ses yeux sont cernés par le deuil :
Elle est partie dans un linceul
Par un neigeux après-midi.

Ding ! Ding ! Dong ! A la cathédrale
On dit des messes pour son âme.
Lui ne verra plus sa femme.
C’était son Temple, son Saint Graal.

Ding ! Ding ! Dong ! Du haut de la tour
Les cloches se font solennelles
Dix heures il est, mais plus pour Elle
Le clown est fou sans son amour.

Ding ! Ding ! Ils ne reviendront plus
Ces jours vivants dans sa mémoire :
Les longs matins, langoureux soirs
De doux baisers sur leurs cous nus.

Ding ! Ding ! Dong ! C’est l’heure finale.
Ce n’est qu’un clown à l’air idiot
Au bout d’un quai léché par l’eau,
Eau de grand fleuve ou de canal.

Ding ! Ding ! Voici qu’un train arrive
Un train d’enfer qui entre à quai :
Wagons d’acier, strident sifflet
Train qui court vers une autre rive.

Train d’enfer : si tu l’emmenais
Sous la neige, sous le goudron,
Loin sous la Terre, tout au fond,
Dans l’oubli perdu à jamais.

Ding ! Ding ! Les cloches carillonnent.
Le bronze et l’airain répercutent
L’horreur bleue d’un esprit qui chute
Loin dans la Terre vermillonne.

Fin pour le clown fou, le clown niais.
Le clown est tombé. Son étoile
Brille au loin dans un ciel sans voiles
Partie, partie, très loin du quai.

— Babylon5


Les Amours tragiques d’un geek

Certain jour un fou d’informatique
Qui ne connaissait ni nuit ni jour
Fut soudain pris d’un violent amour
Pour une belle aux charmes phtysiques.

Il l’avait rencontrée sur le Net
Au hazard d’un « chat » sur les astuces
Pour se débarasser des virus,
Des troyens et des cookies pas nets.

La belle était malade, pour sur !
Cela se voyait rien qu’à ses mots.
Il les attendait comme un cadeau :
Ils illuminaient sa chambre obscure.

Elle était brune c’était certain.
Elle avait aussi de grands yeux noirs
Et, toussant tendrement tous les soirs,
Elle envoyait pour lui des quatrains.

L’informaticien épris de puces
Ne parlait qu’en zéros et en uns.
Parfois il s’adressait à son chien,
Qui des puces en avait beaucoup plus.

Comment faire quand on est un geek
Né avec un clavier sous la main ;
Un coeur de silice à peine humain
Enamouré d’une fleur phtysique ?

La vie du geek devint bien tragique :
Essayant d’écrire des mots doux
Le pauvre en vint à oublier tout,
Perdu dans des rêveries poétiques.

La belle écrivait de longs poèmes
Sur la vie, l’amour, l’éternité,
Les aventures d’un chevalier
Epris d’une princesse au teint blême.

Zéro-un, un-zéro, traduisait la machine…
Mais comment une passion virtuelle
Peut ainsi bousculer le réel
Pour une belle habitant la Chine,

L’Autriche, le Maroc ou Bangcock ?
Pendant qu’elle toussait, il pensa :
« Si j’envoyais cette photo-là ?
J’y suis pas mal, et fier comme un coq »

Alors vint le mathématicien
Son ami fou, mais d’inadéquations,
Logarithmes, chiffres et fonctions.
« Dis-donc », fit-il « Tu as l’air d’un chien

Tu devrais aller un peu à l’air.
Sont-ce tes puces qui te tracassent ?
Tu ferais mieux de descendre en face,
Dans ce bistrot de bonne atmosphère.

L’autre, pour l’heure, se laissa faire
Et bras sous bras les voilà partis
Pour le bistrot louche de Lily,
Où certains allaient à leur affaire.

A peine entré le geek se pâma,
Pris de vertiges et tremblements.
Il tomba sur le sol, inconscient,
Au pied de sa brune à l’œil las.

— Babylon5


Jeux oulipiens

Tu le trouves beau, Delaire ?
Il me touche plus vers
L’aine, mais il a le rein beau.
Cependant je suis mal armé.
Cela me fait mi-chaud…
En simple paysan
Je sais bien dire « Hue ! » « Go »!
Comme une vrai Grand Breton
A mes vaches Allais
Quand le pré Reverdy.
C’est ce que j’ai élu
Art : aller à la marre
Tine avec mes beaux viaux.
Parfois sur le bord Plath,
Surtout vers la Noël,
C’est un peu trop glissant.
Mais j’ai une super
Vielle, et de cet art
Taud je joue pour Peguy
Mon amie, sur mon char,
Mais un jour Valéry,
M’a jalousement dit :
« J’aurai ta peau,
Linaire. Quel butor !

— Babylon5


Soirée passée

C’était une soirée de fête enchanteresse.
Le vin coulait avec des frissons de framboise
Dans des jardins français aux douces arabesques,
De flacons cristallins sous les buissons d’armoise.

Ca et là, la lueur d’un flambeau s’éveillait
Pour révéler un bras, une main, une joue
Ronde et rose, vite évanouie, mais si près
De ces allées cachées ou les amours se nouent.

Ombres d’or sombre, éclats soudains de rubis
Sous le chaud ciel d’été piqué de mille étoiles.
Galants conspirant à conquérir leur Amie
Près des bosquets carrés où la lune les voile.

C’est un rêve vieillot : des dentelles, des masques :
Mignonnes à mouche, leur éventail froissé.
Pour leur sourire un Arlequin faisait des frasques-
Amoureux bariolé des seins emprisonnés.

Et la musique ! Langueurs vibrant au dessus
Des oiseaux taiseux, se rappelant leurs voltiges
Ou dormant sur leurs nids baignés par cet afflux
-Ces arpèges légers consolant les litiges.

C’était une soirée, à ma mémoire éteinte :
Soirée jamais vécue, imaginée en rêve
De plaisirs surannés et discrètes étreintes
Dans un jardin français où la lune se lève.

— Babylon5


Aimer, ne plus aimer.

Je ferais mieux de me taire.
Aimer, c’est profond mystère
Ne plus aimer  l’est aussi.
Misère, cela vous détruit !

On s’accroche à l’être proche :
On oublie les anicroches
Comme on voudrait recoller
Ces petits morceaux cassés !

Pour celui qui vous aimait,
C’est  torture car jamais,
Jamais il ne se repose
Ni ne sent l’odeur des roses.

Pour celle qui n’aime plus,
C’est tourment, défaite et plus.
Elle tient à ce  rafiot
Usé,  qui va à vau l’eau.

C’est douleur, égarement :
Par peur on triche et on ment.
Peur de faire tant de mal :
L’autre ou soit, chagrin banal.

Ne plus aimer, mais pourquoi ?
Pour rien, c’est la vie parfois.
C’est ainsi bien trop souvent
Nos amours ne sont que vent.

Si j’étais une moniale,
Aux amours bien paroissiales
Je pourrais aimer la croix,
Du Christ entendre la voix.

Mais je ne suis pas moinesse
Pourtant un amour céleste
Nous protège du mystère
Sur lequel on doit se taire.

— Babylon5


Le poème

Le poème c’est un don :
Bouquet sauvage cueilli
Dans la glaise de la vie.
Sans compter nous le donnons.

Le poème est un travail.
Il se fait avec les mots
Ereintés par tant de maux
Pour chanter, vaille-que-vaille.

Le poème c’est un bruit,
Une rumeur, une voix
Qui nous murmure tout bas
Nos désirs inaccomplis.

C’est notre sang si brulant.
C’est ne pas savoir mourir
Sans l’avoir dit, ni redire :
Je suis là, je suis vivant.

le poème, c’est prière,
Dans la prison, dans le chœur
En ce temple de malheur
A genoux dans la poussière.

le poème, c’est l’envol
De notre âme emprisonnée,
Aux jours fades enchaînée,
Pour notre cœur une obole.

le poème est une envie
Une antidote à la mort,
Mort trompeuse en ces décors
Qui sont illusion de vie.

Le poème c’est ivresse
C’est échappée infinie :
Ordre, désordre, Folie,
C’est l’humain qui se redresse.

— Babylon5

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Ecce homo

Un écho au poème de Cochonfucius : , mais
beaucoup moins gentil envers ledit primate :

Je suis l’ Homme, faites moi place.
Homo Sapiens, j’ai de l’audace
Dieu m’a donné un chèque en blanc
Pour saigner la planète à blanc.

Homme je suis : j’ai des Idées.
Je sais tout compter, mesurer.
Je sais tuer mieux qu’un rapace.
C’est moi le Roi, je suis sagace.

Je suis l’Homme : pliez sous moi.
Fier je suis et je marche droit.
J’ai tout inventé, et par Dieu,
Je suis le Maître ce ces lieux.

Je suis l’ Homme, j’ai créé Dieu
Pour mes méfaits excuser mieux.
Je suis l’ Homme, et pas d’erreur,
Mâle je suis pour la terreur.

Je suis l’Homme, une nullité
J’ai renié ma propre moitié.
Pour commencer mes premier crimes,
Il me fallait une victime.

Je suis l’Homme, j’ai tout construit,
Inventant la parole, l’écrit
Pour me raconter des histoires
Qui flattent mon désir de gloire.

Homme je suis, mais spirituel :
Dieu m’a donné une étincelle.
Je prie, me fond en oraisons,
Mais reste fier de ma Raison.

Homo Sapiens, singe risible,
Je me prends moi-même pour cible.
Je sais affamer mes enfants
Comme aucun animal vivant.

Je clame partout le Progrès.
J’ai l’instinct de justice, vrai :
Protégeant le paralytique,
Tout en fabriquant du plastic.

Je suis l’Homme : je suis un fou.
En inconscient je détruis tout :
Un essai de l’ évolution
Voué à la condamnation.

— Babylon5


Fable cinématographique

Maître Warner sur un câble branché
Tenait en son bec un sondage

Mâitre Fox, qui par là justement passait,
Etant de mauvails poil, lui faucha son prime-time,
puis dit :

"Eh ! Mec tes programmes ils sont nuls
Tes films sentent le moisi, tes sitcoms sont pourris
pires que des séries B"

"Comment quoi ?" , répondit Warner
"Nom d’un Paramount, sale renard
tu vas me le payer.

Je vais voir MGM, tu vas plus te marrer
Le Sugar Bowl, tu peux te le carrer,
car toutes les chaines on va couper"

"Ah ! Ah ! " s’exclama Maître Fox

Ton football de merde il est pour Maître Disney
Ton lion tout pelé, il fait même pas peur aux minettes,
C’est pas lui qui va me mettre RKO".

Sur ces paroles bien senties
Monsieur Renard avec Universal s’enfuit
En se disant "ma foi, j’ai gagné quelques poulettes,

Mais j’ai pas intérêt à refaire une boulette.


— Babylon5

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Les Mats

Inspiré par Cochonfucius :

Un fou de mathématiques
Alignait plein de zéros
D’une main très frénétique
Cavalant sur son bureau.

Le Mat arriva alors :
Le pauvre fut pris de tics
Au point qu’on le mit dehors,
Avec ses maths et ses tics.

Ce n’était pas très pratique
De compter dans le couloir
Tous ces zéros fantastiques
Surtout qu’il y faisait noir.

Fou furieux il en devint :
Tapant sur le Mat alors,
Il en vint dix-neuf, puis vingt,
Puis deux-cent-vingt Mats très forts.

Même en étant fort en Maths,
Il n’était pas matador
Débordé par tous ces Mats,
Le fou se donna la mort.

Babylon5

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Concours de prières

Ici, j’ai mis mes trois prières :

I.

Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Je ne puis vers toi m’élever
Même en humbles prières,
Vers toi mon Père,
Car je t’ai tué, pauvre Père.

II.

Pourquoi te caches-tu Dieu ?
Es-tu un peu malicieux ?
Attention, si je te trouve
Il faudra que tu te couvres
Le chef, Dieu, car sans cela
De ma part tu recevras
Des tomates ou bien des oeufs
Car ça va de compter un peu
En jouant à cache-cache
A dix ou douze ans, mais sache
Que lasse je suis depuis
Des ans et des ans que je prie.
Alors attention, et fais gaffe.
Ma parole, si je t’agrafe,
Je n’aurai point de pitié :
Tu iras au coin, collé,
Puni pour avoir triché.

III.

Mon Dieu, que vous avez un beau plumage,
Depuis des siècles les hommes vous louent
Par leurs beaux ramages.
Mon Dieu j’aime à chanter vos louanges
Sans fausses notes, je suis aux anges.
Jamais je ne me lasserai de vos poétiques images.
Mon Dieu, moins vous existez,
Plus de nous humbles humains vous vous éloignez,
Plus enchanteurs sont vos cantiques
Et vos visions prophétiques.
Je les écoute et les répète sans me lasser,
Car vous êtes si merveilleux mon Dieu
Vous me faites tant rêver
Vous êtes si doux à mes pensées
Surtout quand la nuit me fait pleurer,
Mon Dieu par nous autres créé,
Vous êtes bien notre plus sublime image
Et pour toujours je voudrais vous aimer
Même en sachant, mon Dieu
Que vous êtes la plus lointaine étoile
Qui mon coeur fait soupirer,
Car je sais que sans vous, mon Dieu
Par nous autres créée
Il n’est point de mystique
Ni d’élan poétique.
Sans vous, mon Dieu si bien imagé,
On ne chercherai pas à s’élever
Sur le bête sol nous resterions plantés
Comme des veaux au pré,
Qui n’ont pas beaucoup de pensées.
Merci mon Dieu, qui n’existe pas,
De me faire penser tous les jours à mon trépas
Dans des prairies par vous illuminées,
Mon Dieu, qui ne répond pas,
Ni de ses actes, ni de mes pêchés,
Laissez moi vous saluer.
(humblement)

Babylon5


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Et si… (la Fête)

Ce seraient des Bacchanales.
Les pavés y danseraient.
Les bobos à l’air banal
Loin des villes s’enfuiraient

De peur de voir ces voyous,
Ces basanés bien dressés
Oser s’en prendre à leur sous
En laissant-là leurs mosquées.

Le talent se répandrait
Comme poudre dans les têtes
Et les quidams se mettraient
A parler en vrais prophètes.

Le désordre se dit ordre :
Mes les yeux s’éclaireraient
Alors dans un grand désordre
Les gens se rassembleraient.

Et dans ces bacchanales,
Ce serait pour les esprits
Une ivresse peu banale :
Viens, liqueurs et poésie.

Il y aurait de grands rires,
De la violence aussi
Quand dans les rues en délire
On retrouverait sa vie.

Il y aurait des chansons
Qui jailliraient des poitrines,
Résonnant sur le béton
Et éclatant les vitrines.

Et aussi des chants de guerre
Traverseraient les quartiers,
Rebondiraient sur la Terre
Qui serait tout étonnée.

Babylon5

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Mouvement social au Ciel

Clin d’œil au post "Mouvement social" de Cochonfucius :

C’est en l’an deux-mille-neuf-cent soixante huit
Que le Mouvement faillit mettre Dieu en fuite.
Tous les anges soudain firent des réunions,
Des sit-ins, discours et manifestations.

Cela commença avec le haut de l’échelle,
Les intellos, Ouriel, Gabriel, Raphaël
Azraël et Saint Michel en firent partie
Pour mettre le foutoir dans le Saint Paradis.

Une révolte des anges, comme c’est étrange
Direz-vous : mais ils voulaient que les choses changent,
En ayant assez des abus d’autorité,
Et d’ailleurs ils ne furent pas les premiers :

Souvenez-vous de Lucifer, par Dieu jeté
Dans les ténèbres parce qu’il avait discuté…
C’est bien facile de lui reprocher le mal
D’une création bâclée par le Dieu Royal.

Bref, en l’an deux-mille-neuf-cent soixante huit,
Les anges décidèrent de prendre la suite
En commençant par poser au divin patron
Quelques questions et autres revendications.

Ce fut surtout parmi les anges gardiens
Que la grogne monta, car pour eux les humains
Donnaient de beaux exemples et illustrations,
Aux péchés s’adonnant, sourds au malédictions.

Il y en avaient même, quel fait incroyable !
Qui croyaient à d’autres Dieux, c’est insoutenable
Pour un ange gardien, d’entendre ses brebis
Murmurer des mantras assis sur un tapis !

C’est assez, dirent-ils, jetons nos auréoles
Allons écouter aux cieux les fortes paroles
De nos contestataires : laissons les terriens
A leur liberté, sans nous ils vont vraiment bien.

On décida de ne plus porter les messages
De ne plus jeter en enfer les gens peu sages.
Et puis aussi d’arrêter toutes ces louanges
Pour ce Dieu vaniteux qui exploitait les anges.

Babylon5

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Le Dieu idéal

On voudrait bien un Bon Dieu poétique
Qui nous interpelle avec déraison
Il ne donnerait pas de coups de triques
Et ne demanderait pas d’oraisons.

Il parlerait à tous, avec son cœur,
ça éviterait les discussions
Il nous enverrait en hiver des fleurs
Et tous les jours nous lui parlerions.

C’est tout ce qu’on demande : est-ce encor trop ?
Un Dieu, pas des livres, un Dieu gentil
Pas un Dieu commandant à des bourreaux
Qui pour Sa cause se croient tout permis.

Mais Ses créatures sont si mauvaises
Qu’elles n’entendraient pas sa Poésie
Et voilà pourquoi, ne vous en déplaise
Depuis longtemps votre "Dieu" est parti.

Car s’Il a un soupçon d’intelligence,
Il voit bien que tout cela est fichu
Il ne supporte plus l’humaine engeance
Qui en son nom torture, brûle et tue.

Donc vous feriez mieux, à mon avis,
D’aller cueillir de menues pâquerettes
Ou de travailler, ou d’aller au lit
Réchauffer votre ami(e) sous la couette.

Peut-être, si vous lui lâchiez la grappe,
En pratiquant amour et poésie
Dieu reviendrait vous jouer de la harpe
Sans savoir si vous êtes circoncis.

Babylon5

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Coucher de Soleil

Voici que le soleil se noie dans l’ océan.
Les pieds baignés d’écume on va très lentement,
Les yeux sur l’horizon, son théâtre céleste
D’écharpes déchirées qui vont mourir à l’ouest.

Le ciel sur les eaux pâles a des couleurs d’ivresse.
On marche sous le vent, abreuvés de tristesse.
On est comme en prière -on en joindrait les mains
Pour se fondre au décor sans connaître demain.

C’est un enchantement qui maintenant nous guette
Dans l’air embaumé s’allument des feux, des fêtes
Par delà les dunes, par delà les grands pins,
Sentinelles du soir distillant leurs parfums.

On est soudain figés -nos fronts se touchent presque
On voit le soleil qui dessine ses fresques
Puis sombre doucement dans la gloire et les pleurs
Sous l’horizon salé, vaste comme nos coeurs.

On reste un temps aveuglés, maintenant on sait.
Tu me dis : "Vois l’éternité, c’est le moment
Où tout va se taire, se figer dans l’instant."
Tu me dis "vois", et pour toujours tu disparais.

— Babylon5

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L’espoir, l’amour, la mort de l’espoir

Au fond des bois l’espoir se meurt,
Meurt tout doucement, pas de sang
L’espoir, une fragile fleur
Qu’écrase une botte en passant.

Ce fut la tentative ultime,
D’un être toujours obstiné
Qui rêvait d’un amour sublime,
Ne voulant pas désespérer.

Au bois de ce cœur, c’est l’hiver
Désormais il l’avoue vaincu
Par ces rigueurs, ces lacs de verre
Ne réfléchissant que les nues

Grises et noires, l’indifférence
Pour une vieille fleur fanée
Pour ce corps en désespérance,
Pour ces désirs toujours reniés.

Au fond des bois, l’affreux silence,
Complice d’un crime, se tait,
Crime d’oubli, d’indifférence :
Celui en qui l’on espérait.

Au fond des bois, l’espoir violé
Se cache, mourant doucement,*
Aux yeux communs dissimulé,
Sans plus d’histoires, simplement.

C’était la dernière romance ;
Morte à présent, et les années
N’ont plus d’importance ; pas de chance
Sinon la poésie chanter.

Et puis aussi, n’aimant plus rien
Se moquer de tout, ou pleurer
Sur les roses d’hier matin
Non respirées dans la rosée.

Babylon5

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Un Dimanche en hiver

Dans les grands bois du Dimanche, en hiver,
On peut voir les chasseurs allant par deux.
De leurs chiens, de leurs fusils ils sont fiers ;
Ils vont chassant les animaux peureux.

Sur la neige éclatante du Dimanche,
Des traces de sang bien rouge éclaboussent
Notre joie de marcher, dès qu’on se penche
Sur le chemin gelé où rien de pousse.

Dans les bois du Dimanche, même en hiver,
Pour le chevreuil, le lapin effaré,
Le pigeon et le lièvre, c’est la guerre
Sous les plombs de ces gros hommes bottés.

Mais quoi ! La campagne leur appartient
Ils chassent en groupe pour s’amuser.
"Eh! Toi, donc, promeneur, on est du coin !"
Emmène ton chien ailleurs gambader!"

Alors je pense à la neige bien rouge :
Dans le sous-bois, un animal caché ;
Jusqu’à midi il ne faut point qu’il bouge.
Il lèche ses plaies, de terreur enfiévré.

Ils sont bien longs les Dimanche en hiver
Dans ces grands bois repeints en noir et blanc
Où marchent en riant les hommes fiers
Qui bientôt vont retrouver leurs enfants.

Mais c’est midi, les cloches vont sonnant
Bientôt les chasseurs replient leurs fusils :
Il reste du sang rouge encore fumant
Et quelque part une bête gémit.

Babylon5

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Deux ingénieurs

Deux ingénieurs devisaient en marchant ;
Tout d’un coup l’un d’eux à genoux tomba,
Les yeux vagues, et s’écria d’un ton chantant,
ça y est mon ami, le futur est là !

Qu’est-ce à dire, quelle Idée soudain te prend,
Pour qu’ainsi devant moi tu t »humilies
Dans le sable et la boue, toi qui apprends
Tous les jours dans les livres que tu lis ?

Quelle honte vraiment, relève-toi,
Secoue cette poussière de tes manches,
Et sur tes deux jambes avance avec moi
Vois ces jupons, aujourd’hui c’est Dimanche.

Allons ensemble rafraichir tes fièvres
A la Taverne si tu le souhaites,
J’ai soif, regarde-moi ce rouge à lèvres
La bière est fraîche et les filles coquettes.

Alors le fou transi ne put que dire
Je sais : "La femme est l’avenir de l’homme"
Je lai vu, je l’ai vu, suis-je en délire ?
Mais non dit l’autre, tu te fourvoies, bonhomme :

L’avenir de l’homme, c’est la Voiture !

Babylon5

— Babylon5

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Deux Ingénieurs {suivi de} Jours de 2010

Échange entre Cochonfucius en bouts rimés,  suivant « Deux Ingénieurs » (qui est publié ailleurs sur « mes poèmes »).
J’ai laissé le petit poème qui fut suivi de notre long échange.

(continue reading…)

— Babylon5


Voyage

Sur les ailes du grand oiseau je vole
Quelques heures à l’horloge du matin.
Sur les ailes de l’oiseau, sans boussole,
Tout droit vers les cieux adamantins.

C’est l’absolu vertige qui m’emporte
Plus haut, loin de la terre bleu marine :
Mauvaises saisons aux plages d’eaux mortes,
Pays perclus de tumeurs citadines.

Voici : je ne suis plus du tout liée.
Paupières fermées, c’est comme un grand vent
Furieux, qui en esprit veut m’emporter,
Dans son tourbillon vivace et puissant.

Sur les ailes de l’oiseau, je m’affole
Un peu, partie plus loin vers un chaos
D’étoiles qui dansent une ronde folle,
Dans un gouffre sans mémoire et sans mots.

C’est ces moments, plus loin que la folie,
Que chaque jour j’explore en ces voyages.
C’est en ces lieux perdus que je m’enfuis,
Loin de moi-même, vers leurs ardents rivages.

Mais c’est joie et douleur sempiternelle :
Étoiles déjantées, cercles mouvants
De puits sans fond, astres lointains qui m’appellent
Comme le cri d’un dieu agonisant
Babylon5

— Babylon5


Promenade avec un Poète Maudit

Marchant dans la vallée des ombres de la mort
A mes côtés l’Esprit d’un poète maudit.
Pas de soleil ni lune, ruisseaux et chemins morts,
Fleuves de larmes sèches : là, tout a été dit.

Pâles lueurs de vie, sous l’horizon éteint
Par quelques éclairs noirs, passé, futur abolis.
Des ombres sans couleur se trainent au lointain
Dans des marais putrides, sous le ciel obscurci.

Dans la vallée des ombres de la mort un Dieu
Indifférent ricane en jouant aux dés
Sous une immense croix dévorée par le feu
De l’espoir inoui, des promesses brisées

Dieu sans aucun esprit, joue aux osselets,
Se nourrit de chairs mortes, des âcres fumées noires
Qui des terres brulées montent vers la vallée
Où tout rire s’étouffe dans le désespoir.

Dans la vallée des ombres je n’ai plus de peur
Le Poète l’a dit, c’est une mascarade
Les ombres sont magiques ; je n’entends plus de pleurs
Le Poète maudit je suis sous ces arcades.

Babylon5

— Babylon5


Le portrait

Sur le mur aux couleurs défraichies, un portrait
Que les rayons mourants du soir viennent frapper
Au travers d’un carreau poussiéreux et fêlé :
Un visage ébauché dans l’ombre en pâles traits.

Négligent, le locataire n’a laissé là
Que ce tableau, au dessus d’un vieux lit branlant,
Par quelque oubli sans doute, ou bien ressentiment,
Comme un souvenir mauvais dont on ne veut pas.

C’est une tête accablée, aux cheveux défaits.
Le regard est vague, sans aucune brillance ;
Les yeux jadis bleus fixent une lointaine absence.
Il ne voient pas ce monde, mais un au-delà parfait.

Le portrait dévoré d’infimes craquelures
Est souillé de longs sillons de larmes poisseuses
S’écoulant doucement sur les joues, paresseuses.
Plus loin, un ciel d’orage obscurcit la peinture.

Ce visage oublié, il vaut mieux qu’on le laisse
Suspendu à jamais dans cette maison vide
Quand l’araignée travaille à sa toile rapide,
Il s’endort doucement dans le soleil qui baisse.

C’est un tableau de mort et de désolation ;
L’image des regrets, de la déroute atroce,
Du désir éteint par le passé trop féroce
Qui veut du Grand Sommeil chercher consolation.

Babylon5

— Babylon5


Dire

Souvent dans ma tête se cognent
Des mots crachés, mots déchirés
Des mots sans suite, mots cassés.
Mots laids avec leur sale trogne.

Je regarde par la fenêtre,
Jour de fer blanc ;éclair de sang
Portes qui claquent dans le vent
Plus de raison, vide est mon être.

Alors sur moi je me retourne
Je laisse la rue à ces gens
Qui marchent gaiment dans le sang
De cette vue je me détourne.

Je vois parfois une planète
Avec en son cœur un seul arbre
Arbre tordu aux branches glabres
Arbre bombardé de comètes.

Arbre pourri, mais ses racines
Tiennent le cœur comme un réseau,
Veines, artères où coule une eau
Amère, saumâtre, où les ondines

N’ont jamais, jamais folâtré,
Pour les lys et l’amour, acides
Sont les eaux de ce coeur livide
Que je voudrais bien m’arracher.

Je n’entends que chocs violents,
Colère et rage à poings serrés
Plus d’amour, guichets fermés
Jours qui se trainent, soleil trop lent.

Arrachez l’arbre : il va mourir
Avec le cœur, sur les pavés,
Crachant son sang noir, piétiné,
Sans même lâcher un soupir.

Babylon5

— Babylon5


Vent rebelle

Qui donc entend le vent rebelle
Entre les murs de sa prison ?
Le coeur est brave : une étincelle
Pour le feu de la déraison.

Le vent, le vent que nul n’attend
Va en sifflant sur les hauts murs
Tordant les arbres en passant
Faisant tomber les pommes mures.

En haut de ces grandes murailles
Se disputent les noirs corbeaux
Mais moi j’entends au soupirail
Dans la fosse de mon château,

Ce vent, ce vent puissant souffler
Vent furieux venu des étoiles
Le vent portant le Paraclet :
Et voici que tout se dévoile.

J’entends, j’entends la voix rebelle
Carillonner avec le vent.
C’est comme un lâcher d’hirondelles
Crevant le ciel soudainement.

C’est une voix que l’on n’entend
Pas dans nos châteaux, nos prisons
Sinon parfois, de temps en temps
Quand dans nos larmes nous plongeons.

Elle est là, notre voix rebelle,
Cette lueur privée de mots.
C’est moi, à moi-même cachée
Qui suis mourante en ce caveau

Fermons les yeux sérieusement
Sous le voile des paupières
On rejoint un ciel fulgurant :
Nuit, astres lointains, lumière.

Qui donc habite ce château ?
Le vent, le vent vous le dira
En sifflant sur ces murs très hauts
L’étincelle il éveillera.

Babylon5

— Babylon5

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Parodie

I.

Ma mie, c’est le Printemps : allons sur le gazon
De la courée. Nous cueillerons des pâquerettes,
En nous promenant tout près des murs de béton.
Viens donc t’asseoir sans craindre les petites bêtes.

Les chiens y font leur besoins et quelques voisins
Nous lorgnent bêtement penchés à la fenêtre ;
Peu importe ma mie, si ce sont des malsains :
C’est pur amour qui monte du fond de mon être.

Ma mie, entends-tu ronronner les mobylettes,
Le pigeon roucouler au balcon d’à-côté ?
Tes cheveux sentent la rose et la violette
Sous l’aimable ramure des marronniers.

Mois de Mai – sur les bancs de soleil éclaboussés,
Les dealers du quartier ferment l’œil d’un air tendre.
L’usine est loin, c’est une belle matinée :
Un temps si parfait que je voudrais me pendre

II.

Les temps sont durs : les chiens pissent sur le gazon
Les gens désœuvrés piétinent les pâquerettes
Les enfants fument dans les caves de béton,
Dans leurs jeux de mort ils sont pires que des bêtes.

Ils ont par la peur coupé la langue des voisins :
Les pauvres n’osent plus entrouvrir leurs fenêtres.
Il n’y a plus de morale et tout est malsain
Dans ces lieux perdus où l’on n’a pas le droit d’être.

C’est pour les rodéos qu’on a des mobylettes :
Il n’y a pas de travail, et les violettes
Ne valent pas un bon fix sous un marronnier.

On ne sait rien faire mais on sait bien se pendre
On est trop enragé, on ne peut être tendre,
Tennis bon marché ne vont pas au cordonnier.

Babylon5

— Babylon5

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