Sur le mur aux couleurs défraichies, un portrait
Que les rayons mourants du soir viennent frapper
Au travers d’un carreau poussiéreux et fêlé :
Un visage ébauché dans l’ombre en pâles traits.
Négligent, le locataire n’a laissé là
Que ce tableau, au dessus d’un vieux lit branlant,
Par quelque oubli sans doute, ou bien ressentiment,
Comme un souvenir mauvais dont on ne veut pas.
C’est une tête accablée, aux cheveux défaits.
Le regard est vague, sans aucune brillance ;
Les yeux jadis bleus fixent une lointaine absence.
Il ne voient pas ce monde, mais un au-delà parfait.
Le portrait dévoré d’infimes craquelures
Est souillé de longs sillons de larmes poisseuses
S’écoulant doucement sur les joues, paresseuses.
Plus loin, un ciel d’orage obscurcit la peinture.
Ce visage oublié, il vaut mieux qu’on le laisse
Suspendu à jamais dans cette maison vide
Quand l’araignée travaille à sa toile rapide,
Il s’endort doucement dans le soleil qui baisse.
C’est un tableau de mort et de désolation ;
L’image des regrets, de la déroute atroce,
Du désir éteint par le passé trop féroce
Qui veut du Grand Sommeil chercher consolation.
Babylon5
— Babylon5