Tag: Désespoir

Le tocsin

Sonne, sonne, sonne le tocsin :
Âmes en déroute sans chemin.
Sonne plus fort encor’ pour l’alarme
Des guerriers perdus qui n’ont plus d’armes.

C’est l’horreur, le triomphe de peur
Danse de la mort et du malheur.
Danse l’esprit fou dans la tempête,
Sonne le tocsin d’un corps sans tête.

Danse Satan, danse Lucifer
Sonne tocsin, ta cloche de fer,
Chasse les oiseaux à la volée
Au ciel obsurci sans échappée.

Sonne tocsin, sonne, assourdis-moi,
Dans le ciel et par dessus les toits.
Sonne plus fort encor’: c’est danger
Sonne pour les humains effrayés.

Le ciel est noir par dessus le pré ;
L’horreur maintenant n’est plus cachée
C’est désespoir avec sa cohorte
C’est l’envers de la joie qui l’emporte.

Sonne tocsin, sonne encor’plus fort
Sonne sur tous les villages morts.
Sonne sur les villes embrumées
Sonne dans les coeurs désespérés.

— Babylon5


L’espoir, l’amour, la mort de l’espoir

Au fond des bois l’espoir se meurt,
Meurt tout doucement, pas de sang
L’espoir, une fragile fleur
Qu’écrase une botte en passant.

Ce fut la tentative ultime,
D’un être toujours obstiné
Qui rêvait d’un amour sublime,
Ne voulant pas désespérer.

Au bois de ce cœur, c’est l’hiver
Désormais il l’avoue vaincu
Par ces rigueurs, ces lacs de verre
Ne réfléchissant que les nues

Grises et noires, l’indifférence
Pour une vieille fleur fanée
Pour ce corps en désespérance,
Pour ces désirs toujours reniés.

Au fond des bois, l’affreux silence,
Complice d’un crime, se tait,
Crime d’oubli, d’indifférence :
Celui en qui l’on espérait.

Au fond des bois, l’espoir violé
Se cache, mourant doucement,*
Aux yeux communs dissimulé,
Sans plus d’histoires, simplement.

C’était la dernière romance ;
Morte à présent, et les années
N’ont plus d’importance ; pas de chance
Sinon la poésie chanter.

Et puis aussi, n’aimant plus rien
Se moquer de tout, ou pleurer
Sur les roses d’hier matin
Non respirées dans la rosée.

Babylon5

— Babylon5

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Le portrait

Sur le mur aux couleurs défraichies, un portrait
Que les rayons mourants du soir viennent frapper
Au travers d’un carreau poussiéreux et fêlé :
Un visage ébauché dans l’ombre en pâles traits.

Négligent, le locataire n’a laissé là
Que ce tableau, au dessus d’un vieux lit branlant,
Par quelque oubli sans doute, ou bien ressentiment,
Comme un souvenir mauvais dont on ne veut pas.

C’est une tête accablée, aux cheveux défaits.
Le regard est vague, sans aucune brillance ;
Les yeux jadis bleus fixent une lointaine absence.
Il ne voient pas ce monde, mais un au-delà parfait.

Le portrait dévoré d’infimes craquelures
Est souillé de longs sillons de larmes poisseuses
S’écoulant doucement sur les joues, paresseuses.
Plus loin, un ciel d’orage obscurcit la peinture.

Ce visage oublié, il vaut mieux qu’on le laisse
Suspendu à jamais dans cette maison vide
Quand l’araignée travaille à sa toile rapide,
Il s’endort doucement dans le soleil qui baisse.

C’est un tableau de mort et de désolation ;
L’image des regrets, de la déroute atroce,
Du désir éteint par le passé trop féroce
Qui veut du Grand Sommeil chercher consolation.

Babylon5

— Babylon5


Dire

Souvent dans ma tête se cognent
Des mots crachés, mots déchirés
Des mots sans suite, mots cassés.
Mots laids avec leur sale trogne.

Je regarde par la fenêtre,
Jour de fer blanc ;éclair de sang
Portes qui claquent dans le vent
Plus de raison, vide est mon être.

Alors sur moi je me retourne
Je laisse la rue à ces gens
Qui marchent gaiment dans le sang
De cette vue je me détourne.

Je vois parfois une planète
Avec en son cœur un seul arbre
Arbre tordu aux branches glabres
Arbre bombardé de comètes.

Arbre pourri, mais ses racines
Tiennent le cœur comme un réseau,
Veines, artères où coule une eau
Amère, saumâtre, où les ondines

N’ont jamais, jamais folâtré,
Pour les lys et l’amour, acides
Sont les eaux de ce coeur livide
Que je voudrais bien m’arracher.

Je n’entends que chocs violents,
Colère et rage à poings serrés
Plus d’amour, guichets fermés
Jours qui se trainent, soleil trop lent.

Arrachez l’arbre : il va mourir
Avec le cœur, sur les pavés,
Crachant son sang noir, piétiné,
Sans même lâcher un soupir.

Babylon5

— Babylon5


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