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Complainte de poète

Le Poète inspiré aspire
Parfois au repos. Comment dire ?
Un vertige venu d’en haut :
Le Poète est à court de mots.

Un nuage gris est sur lui.
Comment marcher dans cette nuit ?
Comment nourrir la flamme obscure,
Cette lueur qui le torture.

Comme il voudrait être une bête !
Ne plus entendre dans sa tête
Ni ces appels, ni ces clameurs
Ni ces poussées vers le bonheur.

Le poète n’est pas un prêtre.
Ni temple ni autel : que l’être
Criant vers un ciel infini.
Poète inspiré et maudit.

Mais le Poète est un emblème,
Comme une croix, souffrance extrême,
Dressée là entre jour et nuit :
Le Poète n’a pas choisi.

Inspiré, il n’est pas prophète.
Il n’est qu’un malheureux poète
Et rien ne sait tenir pour vrai
Sinon le vide qui l’effraie.

Inspiré, il ne l’est pas toujours :
Accablés d’ennui sont ces jours
Où il ne sait trouver les mots
Pour dire l’indicible beau.

Il ne repose pas pourtant :
Il travaille même en dormant,
Obsédé qu’il est de coucher
L’ineffable sur le papier.

On croit souvent qu’il s’émerveille
D’une fleur, du ciel, du soleil.
C’est en lui qu’il voudrait voir clair
Car à lui-même il est mystère.

Poète, tu ne sais retrouver
Ce Jardin dont Dieu t’a chassé.
Poète inspiré, tu es fou
Tes mots toujours de toi se jouent.

— Babylon5


Ecce homo

Un écho au poème de Cochonfucius : , mais
beaucoup moins gentil envers ledit primate :

Je suis l’ Homme, faites moi place.
Homo Sapiens, j’ai de l’audace
Dieu m’a donné un chèque en blanc
Pour saigner la planète à blanc.

Homme je suis : j’ai des Idées.
Je sais tout compter, mesurer.
Je sais tuer mieux qu’un rapace.
C’est moi le Roi, je suis sagace.

Je suis l’Homme : pliez sous moi.
Fier je suis et je marche droit.
J’ai tout inventé, et par Dieu,
Je suis le Maître ce ces lieux.

Je suis l’ Homme, j’ai créé Dieu
Pour mes méfaits excuser mieux.
Je suis l’ Homme, et pas d’erreur,
Mâle je suis pour la terreur.

Je suis l’Homme, une nullité
J’ai renié ma propre moitié.
Pour commencer mes premier crimes,
Il me fallait une victime.

Je suis l’Homme, j’ai tout construit,
Inventant la parole, l’écrit
Pour me raconter des histoires
Qui flattent mon désir de gloire.

Homme je suis, mais spirituel :
Dieu m’a donné une étincelle.
Je prie, me fond en oraisons,
Mais reste fier de ma Raison.

Homo Sapiens, singe risible,
Je me prends moi-même pour cible.
Je sais affamer mes enfants
Comme aucun animal vivant.

Je clame partout le Progrès.
J’ai l’instinct de justice, vrai :
Protégeant le paralytique,
Tout en fabriquant du plastic.

Je suis l’Homme : je suis un fou.
En inconscient je détruis tout :
Un essai de l’ évolution
Voué à la condamnation.

— Babylon5


Dieu des poètes

Le fils du charpentier est le dieu des poètes.
Il a vécu sa vie comme un songe étonnant
Dans lequel il était Créateur et prophète,
Père, Fils et Esprit sur le monde tonnant.

Jean-Baptiste, qui fut un fier anachorète,
Vit en lui un Seigneur, et, un jour lui donnant
Un peu d’eau sur son front lors d’une grande fête,
Reçut la confession qu’il fit en fredonnant.

Cloué par les soldats sur le bois de justice,
Il dit de retenir la date du solstice
Pour marquer sa naissance et le règne du Bien.

Tous ses mots recueillis par ses mille disciples
Font un livre qui dit la gloire du dieu triple;
Ce livre est excellent, mais ce n’est pas le mien.

— Cochonfucius

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Concours de prières

Ici, j’ai mis mes trois prières :

I.

Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Je ne puis vers toi m’élever
Même en humbles prières,
Vers toi mon Père,
Car je t’ai tué, pauvre Père.

II.

Pourquoi te caches-tu Dieu ?
Es-tu un peu malicieux ?
Attention, si je te trouve
Il faudra que tu te couvres
Le chef, Dieu, car sans cela
De ma part tu recevras
Des tomates ou bien des oeufs
Car ça va de compter un peu
En jouant à cache-cache
A dix ou douze ans, mais sache
Que lasse je suis depuis
Des ans et des ans que je prie.
Alors attention, et fais gaffe.
Ma parole, si je t’agrafe,
Je n’aurai point de pitié :
Tu iras au coin, collé,
Puni pour avoir triché.

III.

Mon Dieu, que vous avez un beau plumage,
Depuis des siècles les hommes vous louent
Par leurs beaux ramages.
Mon Dieu j’aime à chanter vos louanges
Sans fausses notes, je suis aux anges.
Jamais je ne me lasserai de vos poétiques images.
Mon Dieu, moins vous existez,
Plus de nous humbles humains vous vous éloignez,
Plus enchanteurs sont vos cantiques
Et vos visions prophétiques.
Je les écoute et les répète sans me lasser,
Car vous êtes si merveilleux mon Dieu
Vous me faites tant rêver
Vous êtes si doux à mes pensées
Surtout quand la nuit me fait pleurer,
Mon Dieu par nous autres créé,
Vous êtes bien notre plus sublime image
Et pour toujours je voudrais vous aimer
Même en sachant, mon Dieu
Que vous êtes la plus lointaine étoile
Qui mon coeur fait soupirer,
Car je sais que sans vous, mon Dieu
Par nous autres créée
Il n’est point de mystique
Ni d’élan poétique.
Sans vous, mon Dieu si bien imagé,
On ne chercherai pas à s’élever
Sur le bête sol nous resterions plantés
Comme des veaux au pré,
Qui n’ont pas beaucoup de pensées.
Merci mon Dieu, qui n’existe pas,
De me faire penser tous les jours à mon trépas
Dans des prairies par vous illuminées,
Mon Dieu, qui ne répond pas,
Ni de ses actes, ni de mes pêchés,
Laissez moi vous saluer.
(humblement)

Babylon5


— Babylon5


Mouvement social au Ciel

Clin d’œil au post "Mouvement social" de Cochonfucius :

C’est en l’an deux-mille-neuf-cent soixante huit
Que le Mouvement faillit mettre Dieu en fuite.
Tous les anges soudain firent des réunions,
Des sit-ins, discours et manifestations.

Cela commença avec le haut de l’échelle,
Les intellos, Ouriel, Gabriel, Raphaël
Azraël et Saint Michel en firent partie
Pour mettre le foutoir dans le Saint Paradis.

Une révolte des anges, comme c’est étrange
Direz-vous : mais ils voulaient que les choses changent,
En ayant assez des abus d’autorité,
Et d’ailleurs ils ne furent pas les premiers :

Souvenez-vous de Lucifer, par Dieu jeté
Dans les ténèbres parce qu’il avait discuté…
C’est bien facile de lui reprocher le mal
D’une création bâclée par le Dieu Royal.

Bref, en l’an deux-mille-neuf-cent soixante huit,
Les anges décidèrent de prendre la suite
En commençant par poser au divin patron
Quelques questions et autres revendications.

Ce fut surtout parmi les anges gardiens
Que la grogne monta, car pour eux les humains
Donnaient de beaux exemples et illustrations,
Aux péchés s’adonnant, sourds au malédictions.

Il y en avaient même, quel fait incroyable !
Qui croyaient à d’autres Dieux, c’est insoutenable
Pour un ange gardien, d’entendre ses brebis
Murmurer des mantras assis sur un tapis !

C’est assez, dirent-ils, jetons nos auréoles
Allons écouter aux cieux les fortes paroles
De nos contestataires : laissons les terriens
A leur liberté, sans nous ils vont vraiment bien.

On décida de ne plus porter les messages
De ne plus jeter en enfer les gens peu sages.
Et puis aussi d’arrêter toutes ces louanges
Pour ce Dieu vaniteux qui exploitait les anges.

Babylon5

— Babylon5


Le Dieu idéal

On voudrait bien un Bon Dieu poétique
Qui nous interpelle avec déraison
Il ne donnerait pas de coups de triques
Et ne demanderait pas d’oraisons.

Il parlerait à tous, avec son cœur,
ça éviterait les discussions
Il nous enverrait en hiver des fleurs
Et tous les jours nous lui parlerions.

C’est tout ce qu’on demande : est-ce encor trop ?
Un Dieu, pas des livres, un Dieu gentil
Pas un Dieu commandant à des bourreaux
Qui pour Sa cause se croient tout permis.

Mais Ses créatures sont si mauvaises
Qu’elles n’entendraient pas sa Poésie
Et voilà pourquoi, ne vous en déplaise
Depuis longtemps votre "Dieu" est parti.

Car s’Il a un soupçon d’intelligence,
Il voit bien que tout cela est fichu
Il ne supporte plus l’humaine engeance
Qui en son nom torture, brûle et tue.

Donc vous feriez mieux, à mon avis,
D’aller cueillir de menues pâquerettes
Ou de travailler, ou d’aller au lit
Réchauffer votre ami(e) sous la couette.

Peut-être, si vous lui lâchiez la grappe,
En pratiquant amour et poésie
Dieu reviendrait vous jouer de la harpe
Sans savoir si vous êtes circoncis.

Babylon5

— Babylon5


Deux Ingénieurs {suivi de} Jours de 2010

Échange entre Cochonfucius en bouts rimés,  suivant « Deux Ingénieurs » (qui est publié ailleurs sur « mes poèmes »).
J’ai laissé le petit poème qui fut suivi de notre long échange.

(continue reading…)

— Babylon5


Muse Saturnienne

Dans un triste décor à l’aspect Saturnien

Une Muse esseulée promène son chagrin

Autour d’un lac figé aux couleurs bleu ardoise

Tout près de la rive où de grands cygnes se croisent.

Lentement elle avance. Les longues herbes molles

S’agitent par instant quand un oiseau s’envole,

S’enroulant à ses chevilles fines, ses genoux

Blancs et ronds, pour y déposer un baiser doux.

Perdue sur ces rivages, la muse aux grands yeux bleus

Cherche éperdument quelque ami, quelque dieu,

Ou encore un humain qui voudrait l’écouter :

Pauvre Muse, dans sa robe de lin déchirée !

Pourtant jamais ne reviendra parmi les hommes :

Sa robe est démodée, elle n’est plus, en somme,

Qu’un pâle souvenir rangé dans le grenier

Belle gravure au rayon des antiquités.

Les poètes maintenant ne sont plus guidés

Par une belle Muse à la tête inclinée.

Les poètes bien souvent creusent à mains nues,

Dans le néant des mots, dans le pavé des rues.

Ils écrivent dans des trains, qu’importent les heures,

Ils écrivent souvent parce qu’ils ont trop peur,

Sur leurs ordinateurs, cachés dans leurs bureaux,

Dans des aérogares, sur des quais, des bateaux.

Les poètes n’ont point de cartes ni de plans

Ils écrivent sur du papier toujours trop blanc.

Mais l’un d’eux peut-être, levant les yeux au ciel

Entend chanter et pleurer la Muse éternelle.

Babylon5

— Babylon5


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