Avril joyeux, fais renaître tes beaux bouquets,
Fais jaillir tes eaux vives en ruisseaux dans l’air frais.
Corolles, ors tendres et violets, jonquilles
Fières qui mourront au moi de Mai, fleurs fragiles.
Le soleil jeune encore, danse dans les sous-bois,
Quand l’Avril encor’ frileux, enfant de ces mois
D’hiver, lance son chant clair, dans un ciel si pur,
Si bleu, qu’il nous fait froid de voir un tel azur.
Fuyez les villes, vite, fuyez le béton :
Venez chanter l’Avril, ce n’est point déraison
De partir en esprit, vers cette renaissance
Où sur la tendre mousse renait l’espérance.
Avril, Avril, tu cours dans un éclat de rire,
Loin de nous tu t’en vas, on ne te peut saisir,
Tu cours dans les herbes, frais bourgeons, eaux glacées
Où les cailloux dorés se mettent à chanter.
Avril, je le sais, tu seras vaincu par Mai,
Sur ta tombe une couronne déposerai
Qui refleurira dans un an, ton temps revenu
Car tu es éternel, toutes saisons venues.
Avril, les animaux peureux sortent du bois
Leurs longs yeux luisants ont oublié les effrois ;
Nature, tu sembles éternelle en ces moments
Où le dur hiver laisse la place au printemps.
Avril, Avril, je veux toujours chanter pour toi
Même à l’hiver cruel, quand à jamais la foi
N’est plus qu’un fantôme lointain, perdu, perdu,
Tout change et renait quand Avril est revenu.
— Babylon5